On n’est plus sûr de rien en France depuis que le que le chef de l’Etat Emmanuel Macron a renversé la table le 9 juin dernier, en dissolvant l’Assemblée nationale et en convoquant des législatives anticipées, que le camp présidentiel a perdues. La seule chose dont on est sûr c’est que dans sa descente aux enfers Macron a entraîné la droite, laquelle a implosé après que le président des Républicains a cédé aux sirènes de l’extrême droite. Ce qui est certain aussi c’est que le Nouveau Front Populaire (la gauche) pourrait ne pas survivre au piège que lui a tendu le président de la République sur le choix du Premier ministre. En face d’autres perdants s’organisent et le dernier mot pourrait leur revenir, sait-on jamais…
L’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui est Macroniste quand ça l’arrange, fait encore des siennes. Quand il a quitté Matignon il a monté sa propre formation avec la présidentielle de 2027 en point de mire. Il savait que le parti de Macron allait lui contester le dauphinat, alors il a fondé sa propre chapelle, dans la grande chapelle présidentielle. Là au moins personne ne lui mordra les mollets. C’est plutôt lui qui mordra les mollets de ceux qui se mettent sur sa route, à commencer par le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal. Philippe a sa propre candidate pour la présidence du Parlement : Naïma Moutchou.
C’est cette députée Horizons que l’ancien Premier ministre met face à la présidente sortante de l’Assemblée nationale, la Macroniste Yaël Braun-Pivet. Le rival d’Attal pour la prochaine présidentielle veut faire valoir son droit à présenter une candidature autonome, au risque d’en rajouter à la cacophonie ambiante au Parlement et dans le pays. “Nous voulons, dans le cadre de ce premier tour, faire entendre notre voix“, a assumé Laurent Marcangeli, le chef des députés Horizons.
Les Philippistes ne veulent pas d’une primaire organisée-arrangée en douce pour éviter les mauvais signaux de la discorde, ils veulent une élection devant témoins extérieurs, et que la meilleure gagne. “On a dit non pour une primaire. On ne veut pas de vote préalable au premier tour“, a confié un cadre du parti Horizons. Et selon lui la vice-présidente de l’Assemblée, Naïma Moutchou, aurait “toutes les qualités” pour être élue par ses pairs demain jeudi 18 juillet…
“Elle a également l’expérience nécessaire et l’autorité naturelle indispensable pour gérer une assemblée chaotique“, a embrayé un autre ténor du parti de Philippe.
Si les Philippistes y croient c’est parce qu’ils lorgnent le vote des 143 élus du Rassemblement national (RN) et ses alliés. En effet dans la dernière mandature Mme Moutchou avait provoqué un tollé en co-signant avec des RN une pétition sur les nuisances aériennes. Donc elle peut raisonnablement espérer capter les voix de Marine Le Pen et ce d’autant plus qu’Édouard Philippe avait refusé de jouer le jeu du Front républicain contre l’extrême droite au second tour des législatives. Cette posture pourrait payer lors du vote de demain.
Si la présidente sortante, députée Renaissance (renommé Ensemble pour la République), s’en est “bien sortie dans un contexte difficile“, sa réélection serait “un mauvais signal“, arguent des élus d’Horizons. “Ça voudrait dire ‘on ne change rien’. Son nom est associé à l’ancienne majorité relative présidentielle (…) On se grandirait à faire autrement“, martèle un membre du parti…
Sauf que tout ça est cousu de fil blanc. En effet il se dit que les députés Horizons se seraient accordés “à quasi l’unanimité” pour ne pas empêcher le RN d’accéder à des postes clés au Parlement, alors que la gauche, le centre (la Macronie) et la droite ont pactisé contre l’extrême droite. “Le front républicain est une logique électorale (…). L’Assemblée doit respecter le principe de pluralité. Au nom de quoi on va pouvoir justifier leur éviction ?“, avancent les élus Horizons…
Ces derniers refusent de porter “un coup de canif dans le pacte démocratique“. Donc pas de barrage anti-extrême droite, comme exactement ils l’ont fait en 2022 quand les 89 élus RN ont débarqué au Parlement. De ce point de vue au moins les troupes de Philippe sont cohérentes, en attendant le bénéfice électoral qu’elles pourraient en tirer. Rendez-vous demain jeudi au Parlement.
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