A la une

Friedrich Merz prend le leadership européen face à Trump : Un premier paquet de 200 milliards € pour l’armement

Partager

Le nouveau chancelier allemand, l’homme d’affaires Friedrich Merz, avait promis d’aller très vite pour monter sa coalition gouvernementale, au plus tard à la mi-avril prochain. Ce qui en soi est un exploit dans un pays qui expérimente la tambouille des coalitions depuis 1949 avec leur lot de psychodrames, des mois de retard pour composer un gouvernement. En attendant Merz accélère le réarmement de l’Allemagne, un premier pas vers une vraie défense européenne. Il avait dit durant sa campagne électorale que ce sera une priorité et qu’il ne fallait plus miser sur la protection américaine…

Scholz jouait petit bras, avec Merz ça volera haut

3 jours après l’invasion de l’Ukraine, le chancelier Olaf Scholz, terrifié, avait enterré des décennies de pacifisme post-guerre pour mettre 100 milliards  d’euros sur la table. Un paquet très conséquent mais qui n’a pas rattrapé le retard de l’armée allemande, et encore moins concouru à bâtir une Défense européenne autonome. Il faut dire que ce n’était pas la priorité de Scholz, lui a toujours préféré jouer petit bras. Une des raisons de la raclée qu’il a prise aux législatives de dimanche dernier.

Avec Merz ça volera très haut, en tout cas c’est ce qu’il clame. Il projette d’injecter 200 milliards d’euros dans la Défense, le double de l’enveloppe de l’ex-chancelier. Reste à savoir si le nouvel homme fort de l’Allemagne continuera d’acheter américain, comme l’a fait Scholz, ou s’il regardera du côté de l’industrie militaire française. Ce qu’on sait c’est qu’il a fixé un seul cap : Monter sensiblement le niveau des dépenses pour rompre progressivement avec la dépendance des USA.

Le nouveau chancelier va vite : Quelques heures à peine après la célébration de sa victoire il a pris contact avec les sociaux-démocrates du SPD – le parti de Scholz – pour installer très rapidement une coalition afin de subventionner la nouvelle politique de Défense. D’après Bloomberg, des négociations ont été lancées pour valider un fonds spécial de 200 milliards d’euros. Ce budget pourrait être dégagé grâce à une réforme du dispositif constitutionnel, pour retoucher le fameux «frein à la dette» lequel interdit tout déficit pour financer l’Etat.

Berlin tient à ce verrou, c’est d’ailleurs souvent un motif de friction avec la deuxième économie de la zone euro, la France, qui elle prend beaucoup de libertés avec la dette, beaucoup trop. Mais déjà lors de la première réunion à Paris sur l’Ukraine, le 17 février 2025, les dirigeants européens dont Scholz avaient convenu de la nécessité de lâcher la bride sur l’endettement pour armer le continent. Un fonds spécial pour la défense pourrait vite voir le jour en Allemagne.

Berlin achetait américain, direction la France prochainement ?

Il faut une majorité des deux tiers au Parlement pour valider ce virage constitutionnel majeur, Merz ne l’aura pas dans le prochain Bundestag. D’après le magazine américain il pourrait sauter l’obstacle en faisant passer la loi avant la première séance de la nouvelle législature, le 24 mars prochain. Les Verts ont émis des signaux très positifs hier lundi 24 février, ce qu’ils demandent en échange c’est plus «d’éducation, d’infrastructures, de défense».

 «Il y a maintenant une minorité de blocage à l’extrême gauche et à l’extrême droite», a confié Merz à la presse hier lundi. La Chambre basse allemande «est toujours capable de prendre des décisions à tout moment (…). Je discuterai avec les partis qui siègent encore au Bundestag de la question de savoir si nous devons ou non prendre une décision», a annoncé le nouveau chancelier.

Dès son élection dimanche dernier dans la soirée Mertz a exposé sa «priorité absolue» : Soutenir énergiquement l’Ukraine et «renforcer l’Europe aussi vite que possible afin de parvenir, étape par étape, à une indépendance réelle par rapport aux États-Unis». Selon lui il faut au plus vite aller vers une «capacité de défense européenne autonome» pour que la protection de l’OTAN ne soit plus une obsession face aux périls qui guettent, en premier la Russie.

«Nous savons tous que la Bundeswehr aura besoin de beaucoup plus d’argent dans les années à venir. Comment l’organiser ? C’est ce dont nous devons discuter», a déclaré le nouveau chancelier. La Banque centrale allemande, la Bundesbank, est prête à suivre en assouplissant le frein à l’endettement, vu que la dette publique est infime et que les chantiers en matière de défense et d’infrastructures ne peuvent plus attendre…

Reste à savoir la place que Merz fera au couple franco-allemand. Il avait promis de réserver au président Emmanuel Macron sa première visite à l’étranger. Pour Scholz Paris était une simple variable et il lui faisait souvent des infidélités au nom de son propre agenda, qui était tout sauf français (il était chinois, américain, israélien…). Le très inodore et incolore chancelier disait à Macron ce qu’il voulait entendre mais les actes ne suivaient jamais. Avec Merz la musique changera peut-être.

Laissez un commentaire