Le président français, Emmanuel Macron, est sans égal sur les dossiers chauds à l’international. Il n’est plus Prophète chez lui, après le chaos indescriptible provoqué par la dissolution ratée et la déroute électorale. Alors il a déserté le terrain, le laissant à François Bayrou (Premier ministre), Bruno Retailleau (ministre de l’Intérieur), Gérald Darmanin (à la Justice) et compagnie. Mais sur les grandes affaires du monde personne ne lui dispute la première place. En tout cas dans le verbe il vise toujours juste, à défaut de pouvoir déployer des solutions pratiques. Il vient de le démontrer en Egypte, une fois de plus…
7 milliards d’euros plus la gratitude des Arabes, “What else” ?
Bon, ne nous leurrons pas, quoi qu’il dise le chef de l’Etat français n’y était pas principalement pour le dossier brûlant de la Palestine, il y était surtout pour une affaire de gros sous. 7 milliards d’euros pour vendre de l’énergie verte ça vaut le déplacement. Mais il faut reconnaître que Macron a bien fait le service après-vente, en annonçant qu’en juin prochain Paris pourrait reconnaître officiellement l’Etat palestinien.
Ça ne changerait rien dans le fond, il faudra batailler derrière, longuement et âprement, pour espérer des avancées infimes, mais là pour le coup c’est la symbolique qui compte. Ça fait du bien aux Palestiniens de savoir qu’ils ne sont pas seuls face à leur bourreau, Israël. Le président français vient de faire une autre sortie qui plaira beaucoup aux Gazaouis et aux leaders arabes…
Interviewé dans “C à Vous”, sur France 5, un entretien diffusé hier mercredi 9 avril, il a déclaré ceci : «Le simplisme parfois n’aide pas. Et donc moi ce que je fais, c’est que je dis au président Trump : ’c’est vrai que c’est trop lent, tout ça, je comprends ton impatience. Peut-être ce serait formidable, si un jour ça se développait de manière extraordinaire. Mais là, notre responsabilité c’est de sauver des vies, de retrouver la paix, et de négocier un cadre politique’»…
«Si tout cela n’existe pas, personne n’investira. Aujourd’hui personne ne mettra un centime à Gaza (…). On ne va pas refaire des apatrides (…). Non, c’est à nous de savoir construire une solution. Et donc ce n’est pas un projet d’immobilier», a martelé le président français.
Que des projets dont son homologue américain ne veut pas entendre parler et Macron sait pertinemment qu’il ne faut s’attendre au moindre appui de sa part, mais l’essentiel à ce stade est d’être du bon côté de l’histoire. Ça compte ça aussi. Comme exactement dans l’affaire des droits de douane, où Washington a fini par reculer face au front en face, européen surtout, soutient le chancelier allemand Friedrich Merz…
Mais là aussi il faut admettre que c’est Macron et son chef de la diplomatie qui ont rugi le plus fort en Europe. Donc si demi-victoire il y a c’est surtout celle de Paris.
Une fleur pour Trump, deux, trois…
«Notre objectif c’est, quelque part en juin, avec l’Arabie saoudite de présider cette conférence où on pourrait finaliser le mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs», a annoncé Macron. Cette rencontre aura lieu aux Nations unies à New York, il est aussi prévu à l’occasion qu’un certain nombre de pays (arabo-musulmans surtout) reconnaissent l’Etat hébreu. Alors est-ce que Riyad se cachera derrière Paris pour faire ce qu’il hésite à faire depuis des années, normaliser avec Israël ? Nous verrons bien…
Ce qui est certain c’est qu’une telle annonce à quelque pas de la “Trump Tower” à New York plairait beaucoup au maître des lieux. Et peut-être que ça suffirait à le ramener à de meilleurs sentiments pour les Gazaouis, qu’il rêve de mettre dehors pour édifier sur leurs terres la «Riviera du Moyen-Orient». Macron joue un coup double dans cette affaire, il faut le suivre, il peut très bien décrocher le Graal. La route dorée de Riyad il la connait très bien.
Il a fait une autre fleur à Trump : quand il a clamé chez son homologue égyptien Abdel-Fattah al-Sissi qu’il s’oppose «fermement aux déplacements de populations» il n’a pas omis de préciser que le Hamas est définitivement hors course. Aucun rôle ou statut ne lui sera donné dans la future direction de Gaza. Un virage acté par le Caire et la Jordanie, depuis longtemps. L’Arabie saoudite et ses satellites ne peuvent rien faire seuls, ils en ont les moyens mais pas la volonté ni l’ambition. Avec le sémillant Macron à leurs côtés il est permis d’espérer.
Le président français n’a peut-être plus tout son capital crédibilité dans le monde arabe, à force de faire un pas en avant et deux en arrière sur le dossier de Gaza. Le fait le plus frappant est la condamnation par Paris des crimes de guerre du Premier ministre israélien mais le refus de brandir son arrestation pour exécuter le mandat d’arrêt de la CPI. D’ailleurs la France aurait accordé dernièrement à Benyamin Netanyahu le survol de son territoire…
Là aussi ça a certainement plu à Trump. C’est cela Macron, le fameux “en même temps”. Mais en même temps pourquoi voulez-vous qu’il change de braquet si ça marche ?
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