Un scénario digne d’un épisode de Black Mirror se joue actuellement à Hollywood, où les acteurs sont en grève depuis vendredi. La raison de leur colère ? L’intelligence artificielle (IA). Le syndicat des acteurs SAG-AFTRA, représentant 160 000 professionnels du cinéma et de la télévision, accuse les grands studios américains de vouloir les remplacer par des machines.
Lors d’une conférence de presse jeudi, Duncan Crabtree-Ireland, leader du SAG-AFTRA, a dénoncé une proposition “révolutionnaire” de l’alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP). Selon cette proposition, les figurants pourraient être “scannés”, payés pour une seule journée, et leur image appartiendrait ensuite aux sociétés de production, pouvant être utilisée sans compensation pour n’importe quel projet, n’importe quand.
Cette proposition a été accueillie avec indignation par les acteurs, qui estiment que l’utilisation de l’IA pour générer des scripts ou cloner leur voix et leur image met en péril leur métier et leur rémunération. Fran Drescher, présidente de la SAG-AFTRA, avertit que si rien n’est fait, les acteurs risquent d’être remplacés par des machines au profit des grandes entreprises, plus préoccupées par Wall Street que par le bien-être des professionnels du septième art et de leur famille.
En rejoignant les scénaristes en grève, les acteurs créent un double mouvement social sans précédent à Hollywood, la dernière grève des acteurs remontant à 1980. Outre une revalorisation de leur rémunération, ils exigent des garanties quant à l’utilisation de l’IA, pour éviter qu’elle ne menace leur métier et leur créativité.
Face à cette mobilisation, l’AMPTP se dit “très déçue” de l’échec des négociations. Le patron de Disney, Bob Iger, a qualifié les exigences des acteurs d'”irréalistes”, soulignant que le géant du divertissement a lui-même utilisé l’intelligence artificielle pour produire le générique de sa nouvelle série Marvel.
Cette grève historique pourrait avoir un impact considérable sur l’industrie du cinéma et de la télévision, rappelant la grève des scénaristes de 2007-2008 qui avait duré 100 jours et coûté deux milliards de dollars au secteur. L’avenir de l’utilisation de l’IA dans le monde du spectacle est désormais en jeu, avec des enjeux économiques et artistiques majeurs en toile de fond.
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