Pas plus tard qu’hier jeudi on vous parlait du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), mis en place par le gouvernement canadien et que la province francophone du Québec a gelé pour 6 mois, sauf quelques secteurs sous tension. L’Organisation des nations unies (ONU) a passé à la loupe ce dispositif et ses conclusions sont sans appel : ce programme est une porte ouverte à l’esclavage moderne, avec des employeurs qui ont tous les droits ou presque sur les travailleurs étrangers…
Le document final du rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, Tomoya Obokata, est concis mais cinglant : “Le programme des travailleurs étrangers temporaires sert de terreau aux formes contemporaines d’esclavage, car il institutionnalise les asymétries du pouvoir qui favorisent les employeurs et empêchent les travailleurs d’exercer leurs droits.”
Le “Toronto Star” cite un communiqué publié en septembre dernier au terme d’un voyage de 14 jours au Canada et dans lequel cet expert de l’ONU s’était dit “profondément troublé par les récits d’exploitation et d’abus” faits par des travailleurs migrants. Dans son rapport M. Obokata mentionne que “la précarité structurelle des travailleurs étrangers temporaires serait atténuée si l’on offrait systématiquement aux travailleurs une voie vers la résidence permanente”.
La sortie de ce rapport explosif, indique “The Globe and Mail”, se produit alors que ce programme d’immigration économique “fait l’objet d’un examen minutieux en raison de la forte augmentation d’un volet distinct du programme axé sur les travailleurs à bas salaires, que les employeurs utilisent pour pourvoir des postes tels que celui de serveur au comptoir de restauration rapide”.
Et effectivement le gouvernement canadien a bougé sous la pression, “Le Devoir” rapporte que les autorités nationales projettent “de refuser de traiter les demandes d’employeurs qui désireraient embaucher des travailleurs étrangers temporaires à bas salaire”. “J’ai clairement indiqué au cours de l’année écoulée que les abus et la mauvaise utilisation du programme des travailleurs étrangers temporaires devaient cesser”, a déclaré le 6 août 2024 le ministre de l’Emploi, Randy Boissonnault.
Dans une enquête de la chaîne d’information BNN Bloomberg il est dit que le taux de chômage des Canadiens âgés de 15 à 24 ans est au-delà de 14% alors que l’économie nationale montre des signes d’essoufflement, cela n’a pas empêché le Canada de faire venir “des centaines de milliers de travailleurs étrangers temporaires pour alimenter en main-d’œuvre certains secteurs, principalement l’alimentation et la vente au détail”.
Ce n’est pas la première fois que le pays de Justin Trudeau est pointé du doigt pour le traitement réservé aux immigrés, en avril 2023 une chroniqueuse du “Toronto Star” avait déballé l’envers du décor. Le Canada reste peut-être le champion du monde de l’immigration, avec son million et demi de bras et cerveaux qu’il compte accueillir d’ici 2025 (n’y voyez aucune philanthropie, c’est soit l’immigration soit la panne générale), mais indéniablement “le champion du monde” a des progrès à faire dans l’accueil et l’insertion des étrangers.
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