Le gouvernement du Québec a annoncé qu’à compter du 1er février, les travailleurs étrangers temporaires et leurs conjoints ne seront plus admissibles aux services publics à l’emploi, à l’exception des étudiants détenant un permis de travail post-diplôme.
Une décision qui suscite une vague d’indignation et d’incompréhension parmi les organismes d’aide à l’emploi et les acteurs économiques.
Une annonce soudaine qui prend de court
Les organismes de soutien aux travailleurs immigrants ont été informés de cette mesure seulement quelques jours avant son entrée en vigueur. “Nous ne comprenons pas la logique de cette décision. Il s’agit de personnes présentes légalement sur le territoire, qui ont des permis de travail et qui veulent contribuer à l’économie québécoise”, affirme une responsable d’un organisme d’aide à l’emploi.
Les services publics à l’emploi permettent aux travailleurs étrangers temporaires de comprendre les rouages du marché du travail, d’établir un réseau professionnel et de mieux s’intégrer à la société québécoise. “On les aide à rédiger un CV, à préparer des entrevues, à se repérer dans le système québécois. Comment peuvent-ils maintenant s’en sortir seuls ?” s’interroge un intervenant communautaire.
Un impact direct sur les travailleurs et l’économie
Selon le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS), la mesure d’intégration des travailleurs étrangers temporaires, en place depuis 2019, n’est plus pertinente en raison de la hausse du taux de chômage au Québec. Le gouvernement affirme que cette main-d’œuvre ne représente qu’entre 0,2 % et 0,9 % des utilisateurs des services d’aide à l’emploi.
Mais les chiffres avancés par les acteurs de terrain diffèrent. “Dans notre organisme, les travailleurs étrangers temporaires représentent entre 30 % et 40 % de notre clientèle”, souligne un coordonnateur d’un réseau d’intégration à l’emploi. Un autre directeur d’un centre d’aide à l’emploi estime que ce taux atteint 70 % dans son organisation.
Cette décision risque donc d’affecter non seulement les travailleurs étrangers, mais aussi les employeurs québécois. “Beaucoup d’entreprises comptent sur nous pour établir des liens avec les travailleurs immigrés. Sans ces services, ces connexions ne se feront plus, et cela risque d’aggraver la pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs”, prévient un responsable d’organisme.
Une mesure budgétaire déguisée en politique de l’emploi ?
Plusieurs observateurs estiment que cette mesure résulte davantage d’une logique de compressions budgétaires que d’une véritable stratégie de l’emploi. “Nous avons l’impression que le gouvernement cherche avant tout à réduire ses dépenses, sans considérer les conséquences à long terme”, déplore un acteur du secteur.
Cette réforme arrive à un moment où le gouvernement Legault doit gérer un déficit budgétaire important et a demandé au réseau de l’éducation et de l’emploi de réduire leurs dépenses. “Moins de participants signifie moins de financement pour nos organismes. C’est un véritable coup dur pour nos structures et pour les personnes qu’on accompagne”, explique un gestionnaire d’un centre d’insertion professionnelle.
Une décision en décalage avec les réalités du terrain
Alors que le Québec continue de recruter des travailleurs étrangers temporaires pour répondre aux besoins criants de certains secteurs comme la construction, la santé et l’agriculture, cette mesure apparaît comme contradictoire. “On dit aux travailleurs qu’on a besoin d’eux, mais on leur retire ensuite les outils pour réussir”, regrette un analyste en politiques d’immigration.
De nombreux intervenants demandent au gouvernement de revenir sur cette décision et de maintenir les services d’aide à l’emploi pour tous les travailleurs présents sur le territoire. “L’intégration professionnelle est essentielle pour la réussite des travailleurs étrangers et pour l’économie du Québec.
Il est urgent de revoir cette mesure avant qu’elle ne cause des dommages irréparables”, conclut un responsable syndical.
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