Dans une décision inédite, la Banque centrale de Russie a porté son taux d’intérêt principal à un niveau record de 21 %, une hausse de 2 points par rapport aux 19 % précédents. Cette mesure vise à freiner une inflation galopante, stimulée principalement par les dépenses militaires liées au conflit en Ukraine.
Selon la Banque centrale, l’augmentation du taux d’intérêt vise à contenir un niveau d’inflation bien au-dessus des prévisions de juillet, attribuable à une demande intérieure qui dépasse largement les capacités de production. La Banque centrale a toutefois précisé qu’une nouvelle augmentation des taux en décembre était improbable.
Les pressions inflationnistes s’expliquent également par l’augmentation des dépenses publiques, en particulier dans le secteur militaire, qui absorbe une part importante des ressources économiques et logistiques. Cette demande intense conduit à une hausse des salaires et une pression accrue sur les biens et services.
Malgré les sanctions et les restrictions commerciales, l’économie russe continue de montrer des signes de croissance, soutenue par les revenus du pétrole et les dépenses gouvernementales. Au deuxième trimestre 2024, la Russie a enregistré une croissance de 4,4 %, avec un taux de chômage à seulement 2,4 %. Cette dynamique s’explique par une activité manufacturière intense, notamment dans les secteurs stratégiques, où les produits sont destinés aux forces armées ou remplacent les importations touchées par les sanctions.
Cependant, l’avenir économique de la Russie s’annonce plus incertain. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment abaissé ses prévisions de croissance pour 2025 à 1,3 %, soulignant les difficultés de maintenir un rythme de développement stable face aux restrictions financières et industrielles.
Les prévisions de la Banque centrale pour la croissance économique en Russie en 2024 se situent entre 3,5 % et 4 %. Toutefois, pour les années 2025 à 2027, la croissance devrait ralentir, atteignant des taux compris entre 0,5 % et 2,5 %. L’inflation, quant à elle, est attendue autour de 8 % à 8,5 % en 2024, avant de se stabiliser entre 4,5 % et 5 % l’année suivante.
Les analystes de Bloomberg Economics estiment que la croissance tirée par les dépenses militaires pourrait avoir atteint son pic. La pression sur les capacités industrielles se traduit par un ralentissement dans les secteurs hors armement, signe que les limites de la production russe sont proches.
Tatiana Orlova, économiste chez Oxford Economics, explique que les contraintes de production commencent à peser sur la croissance industrielle russe. La nécessité d’investir dans des infrastructures est cruciale pour soutenir l’économie, mais le niveau record du taux d’intérêt limite les perspectives d’investissement. Anders Åslund, économiste à l’Institut de Stockholm pour les économies de transition, ajoute que les perspectives de croissance en Russie semblent “plus sombres”, en grande partie en raison de l’impact économique de la guerre en Ukraine.
Cette hausse historique des taux d’intérêt témoigne de la volonté de la Russie de stabiliser son économie, mais elle pourrait également restreindre les marges de manœuvre pour soutenir une croissance durable.
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