L’émergence des influenceurs sur les réseaux sociaux a révolutionné le paysage numérique tunisien.
Ces créateurs de contenu, en cultivant des communautés en ligne, ont su transformer leur passion, leur mode de consommation et leur mode de vie en une source de revenus significative. Cependant, cette activité lucrative se heurte à un cadre fiscal flou et à des pratiques souvent opaques, soulevant des questions sur la régulation de ce nouveau métier.
Une économie florissante mais non régulée
Les revenus des influenceurs tunisiens varient considérablement, allant de 200 à 6000 dinars par mois selon leur notoriété et les partenariats établis avec les marques. Ces montants sont principalement générés par des publications sponsorisées et des collaborations publicitaires. Toutefois, la nature même de leur rémunération reste souvent non déclarée.
De nombreux influenceurs choisissent de recevoir des paiements en espèces ou sous forme de produits, échappant ainsi à toute forme de déclaration fiscale. Cette situation est exacerbée par l’absence d’un cadre juridique spécifique qui encadrerait leurs activités, laissant ainsi place à une économie parallèle où les règles fiscales sont largement ignorées.
La nature même des activités des influenceurs rend leur fiscalité encore plus complexe. Beaucoup de leurs revenus proviennent de partenariats directs avec des marques, souvent sans intermédiaire.
Ces transactions se font généralement sous le seuil de 5 000 dinars, ce qui permet d’échapper à toute forme de contrôle fiscal. Les paiements en espèces ou par chèque sont courants, et les influenceurs ne tiennent pas toujours de registres précis de leurs revenus. Cette absence de traçabilité contribue à l’évasion fiscale et crée un sentiment d’injustice parmi les contribuables qui respectent leurs obligations fiscales.
Un cadre légal inadapté
En Tunisie, les lois fiscales existantes ne sont pas adaptées aux nouvelles réalités du marché numérique. Les influenceurs, qui perçoivent des revenus considérables, échappent souvent à l’obligation de déclaration, profitant ainsi de lacunes juridiques.
Cette situation crée une opacité dans les transactions financières, rendant difficile le suivi par les autorités fiscales. De nombreux influenceurs choisissent de rester des particuliers non déclarés plutôt que de s’enregistrer comme travailleurs indépendants ou entreprises, ce qui complique davantage leur situation.
Vers une régulation nécessaire
Face à cette situation, les autorités tunisiennes commencent à prendre conscience de l’importance de réguler ce secteur. La ministre des Finances a récemment annoncé la création d’une unité dédiée aux investigations fiscales sur les revenus générés par les créateurs de contenu.
Cette initiative vise à intégrer ces acteurs dans le système fiscal ordinaire et à optimiser la rentabilité fiscale du secteur. Cependant, la mise en œuvre de ces mesures reste complexe et nécessite un cadre juridique adapté pour garantir une taxation équitable et efficace.
Les influenceurs tunisiens se trouvent donc à un tournant décisif. Alors que leur activité continue d’attirer l’attention et d’engendrer des revenus considérables, il devient impératif pour l’État d’établir une réglementation claire qui permette non seulement de taxer ces revenus mais aussi de protéger les droits des créateurs de contenu. La digitalisation rapide du monde économique appelle à une adaptation législative pour encadrer ces nouvelles professions et assurer une transparence nécessaire au bon fonctionnement du marché.
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