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Kenya : Le président-businessman frappé par le mauvais oeil, les impôts et les morts de trop

Kenya : Le président-businessman frappé par le mauvais oeil, les impôts et les morts de trop

Les superstitieux diront que le président du Kenya, l’homme d’affaires William Ruto (l’un des plus riches du pays), est frappé par le mauvais oeil ; les esprits cartésiens diront que le chef de l’Etat a fait la réforme de trop, lui qui en a imposé un paquet et très audacieuses. Voilà un homme à qui tout réussissait : il a drainé les investissements étrangers, conforté la position de leader économique en Afrique de l’Est, décroché le statut de partenaire privélégie des USA, etc. Puis la machine s’est grippée. L’avalanche de taxes contenues dans le projet de Budget 2024-2025 sont passées par là…

Les citoyens se sont cabrés, certains ont choisi la voie de la violence pour exprimer leur ras-le-bol face à des sacrifices qu’ils sont les seuls à faire – c’est le sentiment général – ; les pouvoirs publics ont sorti la matraque, les bombes lacrymogènes et les fusils pour stopper les radicaux qui ont attaqué les institutions, jusqu’à incendier le Parlement. D’après le bilan publié samedi dernier par l’ONG Human Rights Watch au moins 30 personnes ont trouvé la mort dans ces émeutes, réprimées par un Ruto inflexible sur le maintien de l’ordre public.

Mais lui aussi a perdu des plumes dans ce bras de fer : il a été contraint de battre en retraite et d’enterrer le projet de loi. Sauf que ce texte avait été taillé pour muscler les finances publiques, donc le retrait de ce projet de loi très décrié plonge de fait le pays dans uns crise budgétaire aiguë. L’argent que devaient générer ces hausses d’impôt il faudra bien le trouver ailleurs. Ce sera des prêts extérieurs…

Le déficit budgétaire est de l’ordre de 2,7 milliards de dollars, le gouvernement kényan a fait savoir qu’il devra contracter un emprunt de quelque 1 trillion de shillings, soit près de 7,6 milliards de dollars. C’est beaucoup, un lourd fardeau pour les générations futures mais c’est aussi le prix de la paix sociale sans laquelle tout l’édifice économique s’effondrera.

Toutefois le marché international n’est pas la panacée, les Kényans vont quand même trinquer, avec des mesures d’austérité qui rogneront les dépenses publiques pour les enseignants et les services de santé. Donc de toute évidence certains payeront et cher, ce qui annonce des soubresauts sociaux. Mais à ce stade l’essentiel est que le chef de l’Etat souffle un peu en dégonflant la contestation populaire…

Bon, ce n’est pas gagné ; en dépit du retrait du projet de Budget les citoyens ne décolèrent pas. De nouvelles manifestations sont programmées cette semaine, avec des appels à la démission du président Ruto et des accusations de violences policières pour lesquelles les autorités devront rendre des comptes. Certes le Kenya n’est pas le Sénégal mais ce sont les mêmes dérives sanglantes qui avaient précipité la fin du régime de Macky Sall. Donc attention.

 

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