Le taux de dépôt de la Banque centrale européenne (BCE), la boussole des conditions de crédit dans l’économie, est tombé à 3,25% ce jeudi 17 octobre, -0,25 point de pourcentage. L’institution en charge de la politique monétaire européenne a pris cette décision pour donner un signal positif aux investisseurs, après le net recul de l’inflation dans la zone euro, au plus bas depuis 3 ans. On verra si cette politique volontariste donnera un coup de fouet à la croissance…
Pourtant c’est cette croissance molle qui a amorcé la désinflation, mais les 25 membres du Conseil des gouverneurs réunis à Ljubljana, la capitale de la Slovénie, se devaient d’agir pour secouer les économies du continent. C’est la deuxième fois d’affilée que la BCE rogne le taux de dépôt, après l’opération de septembre dernier. Il y a un mois il était question de temporiser jusqu’en décembre 2024 pour une autre baisse, le recul des prix à la consommation a changé la donne…
L’inflation en zone euro a même plongé plus que prévu le mois dernier, à 1,7% sur un an, alors qu’une première évaluation la situait à 1,8%, a fait savoir Eurostat ce jeudi. Même Berlin, plus frileux sur la politique monétaire, en était venu à la conclusion qu’une petite dépressurisation ne ferait pas de mal aux économies européennes. «La croissance est encore plus faible que dans les prévisions de la BCE revues à la baisse en septembre, tandis que l’inflation revient vers l’objectif plus vite» avaient commenté les experts de la Deutsche Bank.
En septembre dernier, pour la première fois en plus de 3 ans, l’inflation est descendue sous le seuil des 2%, la barre fixée par l’institution monétaire de Francfort. Par ailleurs l’inflation sous-jacente, un indicateur qui n’englobe pas les prix volatils de l’énergie et de l’alimentation, a fondu de 2,7% en glissement annuel. «L’évolution de l’inflation fait partie des bonnes nouvelles», avait souligné le responsable de la Banque centrale allemande.
Reste les mauvaises nouvelles… L’Allemagne, première économie de la zone euro et qui remorquait la croissance européenne, se crispe face à une nouvelle récession en 2024. Le gouvernement allemand vient de rogner ses prévisions de croissance, on parle maintenant d’un repli de 0,2% du PIB cette année, après une contraction de 0,3% en 2023.
La baisse de ce jeudi ne sera «pas la dernière», avait déclaré début octobre le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Le Conseil des gouverneurs n’a pas été aussi formel sur l’évolution de l’assouplissement monétaire, la BCE attendra «les données» économiques pour définir la démarche à suivre…
Mais pour la grande majorité des économistes c’est tout vu : l’institution européenne en viendra à de nouvelles baisses aux prochaines réunions, jusqu’à ce que le taux de la facilité de dépôt tombe à 2%. C’est le seuil qui permettra d’affirmer que la politique monétaire de la zone euro est officiellement neutre, ni un frein ni un facteur de dynamisation de l’économie.
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