Aujourd’hui, jeudi 3 novembre 2022, Nasreddine Nsibi, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi et porte-parole officiel du gouvernement, a confirmé que le programme de réforme présenté par le gouvernement au FMI ne prévoyait pas de privatisation de certaines entreprises publiques, commentant, à ce titre, une déclaration du secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi.
Le responsable syndical a affirmé, au fait, que le gouvernement s’est engagé auprès du FMI de céder au secteur privé la Banque de l’Habitat et à la Régie du tabac. Nsibi a indiqué que le gouvernement étudiera la situation des entreprises publiques au cas par cas. Taboubi avait annoncé son intention de faire face à toute tentative de céder les entreprises publiques au secteur privé dans le cadre du plan de réforme économique convenu avec le Fonds monétaire international.
Les lignes rouges franchies
Selon des observateurs, une récente déclaration de la directrice du FMI sur le sort des entreprises publiques en Tunisie confirme que les autorités avancent à un rythme accéléré vers le franchissement de toutes les lignes rouges fixées par l’UGTT concernant la privatisation des entreprises publiques que les syndicats considèrent comme faisant partie des acquis des Tunisiens.
Malgré le secret absolu sur les entreprises susceptibles d’être privatisées, des sources bien informées confirment que le montant probable à percevoir de la privatisation de la Banque de l’Habitat et de la Régie du tabac s’élève à environ 9 milliards de dinars.
Au total, l’État gère environ 111 entreprises publiques qui assurent principalement l’approvisionnement en produits de base, dont les plus importants sont les céréales, les médicaments et les carburants, en plus des services de transport terrestre, aérien et maritime. La plupart de ces entreprises sont confrontées à des difficultés financières qui ont fait grimper leurs dettes à 6,5 milliards de dinars à la fin de l’année dernière 2021, contre 6 milliards de dinars en 2019, dont une grande partie de crédits à l’Etat.
Critiques acerbes
Des observateurs critiquent le fait que les autorités n’ont pas divulgué la lettre d’intention qu’elles ont soumise au Fonds monétaire international, y compris son intention de privatiser les entreprises publiques, exprimant leur surprise et leur regret que les Tunisiens aient appris l’intention du gouvernement de privatiser les entreprises publiques par la directrice du Fonds monétaire international.
Les responsables syndicaux confirment que le gouvernement est tenu de publier la lettre d’intention soumise au FMI en échange de l’obtention du nouvel accord de financement, expliquant que l’Union générale tunisienne du travail avait précédemment soumis au gouvernement un programme global de réforme des entreprises publiques, et avait accepté de les restructurer après les avoir étudiés au cas par cas, rappelant que le gouvernement Najla Bouden avait indiqué en juin dernier qu’elle œuvrait pour la bonne gouvernance des entreprises publiques stratégiques et les auditer en recourant aux services d’organismes externes.
Élargir le périmètre de la privatisation des entreprises publics
Le pays a enregistré plusieurs opérations de privatisation de participations de l’Etat dans des banques, telles que la Banque de Tunisie et des Emirats et la Banque Tuniso-Koweitienne.
Toutefois, la privatisation des entreprises peut s’étendre pour concerner de nombreux secteurs, notamment au vu des difficultés des différentes entreprises publiques qui ont conduit à la détérioration de leur situation financière, notamment depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine à la fin de février dernier, et les besoins du gouvernement en ressources en devises.
Le responsable de la fédération des transports de l’Union générale tunisienne du travail, Wajih Zidi, affirme que Tunisair figure sur la liste des entreprises susceptibles d’être privatisés, soulignant que le retard dans la mise en œuvre de ses plans de restructuration depuis 2017 révèle la volonté des autorités de procéder à sa cession ou à l’ouverture de son capital aux participations privées.
Zidi indique également dans une déclaration médiatique que la compagnie aérienne nationale, assure ses vols à travers une flotte de pas plus de 9 avions, et souffre d’un endettement élevé et d’une situation financière difficile, résultant du retard dans la réforme dont elle était censée faire l’objet.
Il a déclaré que la Compagnie Tunisienne de Navigation est également susceptible d’être privatiser. Le secteur des transports s’apprête à déclencher une grève générale pour protester contre l’incertitude au niveau du sort des entreprises publiques de transport et le refus des autorités de négocier avec les syndicats sur un éventuel projet de réforme.
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