Pékin riposte : la Chine se retire des investissements à Wall Street
Dans un contexte de tensions commerciales exacerbées entre les États-Unis et la Chine, Pékin a décidé de suspendre toute nouvelle injection de capitaux dans les sociétés de capital-investissement américaines.
Selon des révélations de la Financial Times, des fonds souverains chinois soutenus par l’État se sont récemment désengagés de plusieurs fonds privés américains, en réponse directe à la guerre tarifaire relancée par le président Donald Trump.
Retrait massif des capitaux chinois
D’après les témoignages de sept dirigeants de sociétés de capital-investissement interrogés par le journal britannique, les fonds chinois, sous pression du gouvernement, ont cessé d’investir dans des véhicules financiers domiciliés aux États-Unis. Même lorsque ces opérations sont pilotées depuis des pays tiers, Pékin préférerait dorénavant écarter toute exposition aux marchés américains.
La China Investment Corporation (CIC) figure parmi les entités ayant interrompu leur engagement, selon deux sources proches du dossier. Pendant des années, les fonds souverains chinois ont injecté des milliards de dollars dans des géants du private equity tels que Blackstone, TPG et The Carlyle Group.
Guerre commerciale : l’heure de la riposte
La décision survient après la vague de droits de douane punitifs imposés par les États-Unis sur les exportations chinoises, atteignant jusqu’à 145 %, auxquels la Chine a répondu par des taxes allant jusqu’à 125 % sur les produits américains.
Dans le prolongement de ces tensions, la Chine a également réduit ses importations de matières premières et agricoles américaines. En mars 2025, les achats de gaz naturel liquéfié et de blé en provenance des États-Unis ont chuté à zéro, d’après les données douanières officielles. Les importations de coton ont reculé de 90 %, tandis que celles de maïs se sont effondrées à leur niveau le plus bas depuis février 2020.
Le soja et le pétrole, les rares exceptions
Fait notable, les importations de soja ont progressé de 12 %, atteignant 2,44 millions de tonnes. Une hausse saisonnière qui reflète une dépendance temporaire vis-à-vis des livraisons américaines en attendant les récoltes d’Amérique du Sud. Les achats de pétrole brut ont également augmenté de 25 %, atteignant 542 000 tonnes.
En revanche, les flux de gaz de pétrole liquéfié (GPL) et de charbon pour l’acier ont reculé respectivement de 36 % et 62 %, tandis que les importations de cuivre américain ont chuté de plus de 50 %.
Pékin met en garde ses partenaires
La Chine a averti les pays tentés de conclure des arrangements commerciaux avec les États-Unis à ses dépens. Le ministère chinois du Commerce a souligné que Pékin s’opposerait “fermement à tout accord conclu contre ses intérêts fondamentaux” et se dit “prêt à prendre des mesures de rétorsion appropriées”.
Dans un geste diplomatique fort, Pékin tiendra cette semaine une réunion informelle au Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer ce qu’elle qualifie de “harcèlement économique” par Washington.
Une fracture durable dans les relations économiques mondiales ?
Alors que les États-Unis affirment que près de 50 pays les ont contactés pour discuter des exemptions tarifaires, la Chine semble déterminée à diversifier ses partenaires commerciaux et à protéger ses actifs stratégiques. Ce retrait de Wall Street marque peut-être le début d’un découplage financier plus large entre les deux premières économies mondiales.
Un climat de défiance qui pourrait bien redéfinir l’ordre économique international pour les années à venir.
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