Le récent retrait des troupes françaises du Tchad et de la perspective de départ du Sénégal marque une étape supplémentaire dans l’effondrement de l’influence française en Afrique.
Ce revirement intervient après les retraits forcés de la France au Mali, au Burkina Faso et au Niger en 2022, soulignant une crise profonde dans les relations entre Paris et ses anciennes colonies.
Vendredi dernier, le Tchad a décidé d’annuler ses accords de défense avec la France, demandant le départ des 1 000 soldats stationnés à N’Djamena. Le même jour, le Sénégal a confirmé son intention de mettre fin à la présence militaire française sur son sol. Ces décisions s’ajoutent aux retraits imposés par les gouvernements de transition au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Aujourd’hui, seules quelques centaines de soldats français restent en Afrique, principalement en Côte d’Ivoire et au Gabon. Même dans des zones historiquement stratégiques comme le golfe d’Aden, la présence française doit désormais cohabiter avec des bases américaines, chinoises et japonaises.
Selon l’analyse de Le Figaro, la situation actuelle trouve ses origines dans les interventions militaires françaises comme l’opération Serval en 2013 au Mali. À l’époque, Paris pensait pouvoir éradiquer les groupes armés dans la région sahélienne. Cependant, ces missions ont rapidement été perçues localement comme des actes d’occupation, nourrissant un sentiment anti-français croissant.
Plutôt que de stabiliser la région, l’intervention française a vu le conflit s’étendre au Niger et au Burkina Faso. À cela s’ajoute une critique persistante : selon certains habitants, la France n’aurait jamais cherché à vaincre véritablement les groupes armés, un soupçon alimenté par des campagnes d’information anti-françaises.
L’arrivée d’Emmanuel Macron en 2017 n’a pas apaisé les tensions. Bien que le président ait appelé à un « nouveau partenariat », ses déclarations fermes ont souvent été mal perçues.
En 2019, après la mort de 13 soldats français au Mali, Macron a convoqué les dirigeants sahéliens pour clarifier leur position. Cet épisode, perçu comme condescendant, a exacerbé les tensions entre la France et ses partenaires africains.
Les coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont consolidé une rhétorique anti-française, désormais adoptée par les autorités locales. Les militaires qui ont pris le pouvoir ont non seulement expulsé les forces françaises, mais aussi noué des liens avec des acteurs comme la Russie via le groupe Wagner.
Selon Le Figaro, l’incapacité de la France à anticiper ces dynamiques révèle un « aveuglement préoccupant ». Alors qu’elle tentait de réorganiser sa stratégie militaire dans la région, Paris s’est retrouvé isolé face à des transformations politiques et sociales profondes.
Pour de nombreux analystes, ce retrait marque plus qu’un simple échec militaire : il symbolise la fin d’une époque où la France jouait un rôle central en Afrique. Un haut responsable du renseignement avertit que l’Afrique, devenue un point névralgique pour les conflits géopolitiques, pourrait bientôt avoir des conséquences directes sur la sécurité et la migration en Europe.
La France devra repenser sa stratégie, réduire sa visibilité militaire et adopter une approche moins interventionniste. L’avenir de ses relations avec l’Afrique semble désormais dépendre de sa capacité à redéfinir son rôle dans une région en pleine mutation.
Laissez un commentaire