Dans une note parue hier lundi 12 juin 2023, l’équipe Libye du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, vient d’indiquer qu’alors que la Libye ouvre la voie à sa reprise économique, elle a récemment amélioré la collecte, le partage et la transparence des données, ce qui a permis au FMI de reprendre ses missions de surveillance après une interruption de dix ans.
Le succès des réformes au pays dépend, selon l’institution financière internationale, de la stabilité de l’environnement politique et sécuritaire et du développement des capacités institutionnelles.
La Libye est embourbée dans le conflit et l’incertitude politique depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011 et ce jusqu’à une date récente, la fragmentation du pays entravait l’élaboration des politiques publiques et la collecte de données économiques clés, indiquent les expertes du fonds monétaire international tout en ajoutant que la Libye a tout de même fourni des efforts considérables pour avancer et surmonter les défis économiques posés par le conflit politique.
Un PIB par habitant parmi les plus élevés d’Afrique
Dans le cadre de son premier bilan portant sur l’évolution de la situation économique en une décennie, le FMI a identifié les principales forces et opportunités qui soutiendront la reprise de la Libye. Et pour cause, la Banque centrale Libyenne a maintenu un important stock de réserves en devises, ce qui a été soutenu par un taux de change fixe, des contrôles des flux des capitaux et autres mesures ponctuelles. Cela a joué un rôle important en aidant le pays à surmonter les fluctuations conjoncturelles de la production et des revenus pétroliers qui se sont produites après la révolution.
Avec de vastes réserves de pétrole et de gaz, la Libye a l’un des niveaux de PIB par habitant les plus élevés d’Afrique, souligne l’institution de Bretton Woods tout en notant que la production d’hydrocarbures continuera d’être un élément essentiel de l’avenir économique de la Libye, du fait qu’elle représente environ 95% des exportations et des recettes publiques.
Les experts du fonds prévoient que le pays augmentera cette production d’environ 15% en 2023, à la suite d’une augmentation de l’activité après un blocus pétrolier qui a limité la production en 2022. Cependant, le principal défi sera de diversifier l’économie en dehors des activités liées à l’exploitation du pétrole et du gaz tout en favorisant une croissance du secteur privé plus forte et plus inclusive.
La voie à suivre
La Libye a besoin d’une stratégie économique qui définit clairement la voie à suivre pour la nation, précise l’équipe Libye du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI. Ceci se basera sur un plan qui optimise l’utilisation des revenus pétroliers pour diversifier l’économie et rompre avec les politiques de l’ère Kadhafi qui favorisaient les comportements de recherche de rente, la corruption et l’opacité.
Le succès des réformes dépendra également de la consolidation d’un environnement politique et sécuritaire stable et du développement des capacités institutionnelles. Les efforts pour l’instauration de réformes structurelles devraient se concentrer sur le renforcement des institutions et de l’état de droit. Néanmoins et pour se prémunir contre les risques liés à la baisse des recettes pétrolières et à une perte potentielle de réserves, les autorités devraient éviter de dépenser davantage lorsque l’économie se porte bien et épargner pour les périodes où l’économie pourrait ralentir, martèle-t-on.
Lourd fardeau des subventions publiques
À cette fin, la Libye a besoin de toute urgence d’un budget transparent qui réduit les coûts associés aux dépenses élevées en salaires et subventions du secteur public. Les dépenses publiques sont dominées par les salaires du secteur public qui emploie environ 2,2 millions de personnes.
Théoriquement, un tiers de la population, est employée par le secteur public. Les subventions et les dons représentent près du quart des dépenses publiques et les subventions aux carburants sont particulièrement problématiques puisque le prix local de l’essence est à l’équivalent de 3 cents US le litre, le deuxième prix le plus bas au monde.
Alors que la surveillance de la Libye par le FMI reprend, les expertes annoncent qu’ils continueront de fournir des conseils et un soutien pour aider à renforcer l’économie et à préparer la reconstruction post-conflit.
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