Economie

La Pharmacie Centrale de Tunisie risque de lâcher…

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Le président du Syndicat des pharmaciens d’officine, Naoufel Amira a déclaré aujourd’hui mercredi 5 octobre 2021 que plusieurs médicaments manquent sur le marché en notant qu’il s’agit particulièrement des médicaments traitant les maladies chroniques, gynécologiques et les tumeurs.

Amira a expliqué la pénurie de ces médicaments par différents facteurs dont principalement le faible financement du système de santé public. Le président du Syndicat a assuré, il y a une semaine, que la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT) n’est pas en mesure de tenir ses engagements financiers envers les fournisseurs internationaux.

Il a affirmé, également, que cette situation aggrave en elle-même la pénurie de médicaments tout en précisant que la PCT enregistre un déficit de 700 millions de dinars à la suite du retard accusé au niveau de la restructuration de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie (CNAM) et les Caisses sociales (CNSS et CNRPS).

Il est à noter que ce problème de déficit cumulé et structurel en raison d’une politique de subvention défaillante et de l’effet désastreux de la contrebande des médicaments, s’est aggravé dangereusement depuis 2016 pour être alléger légèrement en 2019 après l’obtention de la PCT d’un crédit d’ajustement de ses équilibres financiers et opérationnels.

Sous ce même angle, le 20 septembre dernier, le directeur général de la PCT, Béchir Yermani, a qualifié le stock national de médicaments de « faible », imputant la pénurie des médicaments à des problèmes au niveau du marché mondial en plus de la contrebande et de la pénurie de certaines matières premières nécessaires pour l’industrie pharmaceutique.

Il a déclaré, également, que le stock disponible n’est pas important, mais couvre les besoins à court et moyen termes, expliquant que les médicaments dont le stock couvre 3 mois de besoins sont considérés en pénurie, et qu’il y a des médicaments dont le stock ne couvre qu’un mois.

Le responsable a souligné que la subvention des importations des médicaments par l’Etat, pour être vendus à des prix évalués comme inférieurs à ceux d’autres pays, encourage à les faire passer en contrebande.

Néanmoins, le site officiel de la PCT ne contient aucune publication des états financiers. Ce site contient quelques indicateurs dispersés concernant le chiffre d’affaires, la compensation, le positionnement sectoriel et le résultat comptable. Des indicateurs qui ne sont pas actualisés et remontent souvent à environ quatre ans.

En outre, rares sont les déclarations détaillées faites en ce qui concerne la pénurie des médicaments puisque les professionnels du secteur ne veulent plus annoncer les ruptures de stock des médicaments, tellement elles sont devenues nombreuses d’une part, et parce qu’une telle annonce inciterait les malades à se ruer vers les officines pour stocker les médicaments dont ils ont besoin d’autre part.

Les professionnels de l’industrie pharmaceutique et plusieurs observateurs pointent des défaillances au niveau du secteur en général et la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT) en particulier et dont la dette à ses fournisseurs étrangers dépasse 1 milliard de dinars, selon un rapport de PBR rating élaboré en mai 2019. Le surendettement colossal des hôpitaux publics pèse lourdement sur la PCT. A cela s’ajoute une contrebande très active de médicaments vers des pays voisins et dont il est difficile d’évaluer le volume exact.

D’après un rapport du ministère des finances publié fin mai 2020, l’endettement de la PCT auprès des banques est à fin 2018 de 335 millions de dinars pour un capital négatif (-180 millions de dinars) consommé par les pertes cumulées estimées à 238 millions de dinars. Juridiquement, l’organisme doit passer à la phase de redressement judicaire.

Notons que la PCT est chargée de l’approvisionnement de 47,5% du marché du médicament dans son ensemble en Tunisie et de 100% de l’approvisionnement du secteur public. Elle est appelée, sur le plan réglementaire, à maintenir un suivi des stocks de sécurité (3 mois de consommation) des médicaments.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek