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La vengeance de l’Algérie après la “trahison” de l’Espagne fait mal : l’UE perd des milliards et veut dialoguer

La vengeance de l’Algérie après la “trahison” de l’Espagne fait mal : l’UE perd des milliards et veut dialoguer

C’est un conflit qui a été officialisé le 14 juin 2024, à travers un communiqué publié par l’Union européenne (UE) ; mais les deux parties se sont bien gardées de l’ébruiter, sans doute pour ne pas envenimer la situation et garder une place pour un règlement à l’amiable. Si l’Algérie et l’UE marchent sur des oeufs c’est parce que les enjeux financiers sont colossaux. Bruxelles reproche à Alger de fermer son marché aux opérateurs européens, notamment les restrictions sur des licences d’importation, des subventions liées aux intrants locaux pour les constructeurs automobiles et un plafonnement de la propriété étrangère dans les activités importatrices. 

L’UE n’a d’autre choix que la négociation…  

L’UE a fait savoir qu’elle a lancé une procédure de règlement des différends contre l’Algérie, accusée de réduire le périmètre des exportations et des investissements européens à travers des verrous posés depuis 2021. «L’objectif de l’UE est d’engager un dialogue constructif avec l’Algérie en vue de supprimer les restrictions dans plusieurs secteurs, allant des produits agricoles aux véhicules à moteur», a indiqué la Commission européenne dans ce communiqué…

«Ces restrictions comprennent un système de licences d’importation ayant les effets d’une interdiction d’importation, des subventions subordonnées à l’utilisation d’intrants locaux pour les constructeurs automobiles et un plafonnement de la propriété étrangère dans les entreprises qui importent des biens en Algérie», ajoute la même source.

Un autre motif de courroux des Européens, depuis cette année : l’interdiction de la domiciliation bancaire pour toute entreprise importatrice de produits en marbre et en céramique sous leur forme finale, une manière plus “diplomatique”, dirons-nous, d’interdire l’importation de ces produits. L’UE s’en prend également au gel des échanges commerciaux entre l’Espagne et l’Algérie. Ce tour de vis avait été acté par les autorités algériennes à l’été 2022 pour répliquer au ralliement de Madrid à la posture de Rabat sur le dossier du Sahara Occidental…

Certes le commerce de quelques produits agricoles a été dégelé cette année, idem pour le gaz, mais pour le reste c’est encore la paralysie. Et ça commence à avoir un coût pour les Espagnols, très actifs sur les marchés algériens. L’UE avait soutenu Madrid dans son combat contre Alger, la vengeance de ce dernier est un plat qui se mange froid.

La France et l’Algérie ont aussi des bisbilles diplomatiques mais on n’a pas vu l’Hexagone dans cette plainte de l’UE, et pour cause : les affaires roulent entre Paris et Alger, même s’il y a encore 5 dossiers litigieux qui n’ont pas été tranchés. Il y a aussi la visite du président Abdelmadjid Tebboune en France qui n’a toujours pas été officialisée (je parle de la date). Et il faut craindre le pire si l’extrême droite arrive au pouvoir en juillet prochain, même si les actes posés en Algérie par la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, en Algérie prouvent que l’extrême droite est aussi capable de retourner sa veste au gré de ses intérêts.

Alger est en position de force, blindé par la Turquie, la Chine…

L’UE est d’avis qu’en édictant cette batterie de restrictions commerciales depuis 2021 Alger «ne respecte pas ses engagements en matière de libéralisation des échanges au titre de l’accord d’association UE-Algérie». Et tout ce qui a été tenté pour ramener les Algériens à de meilleurs sentiments a échoué, alors l’UE hausse le ton pour «préserver les droits des exportateurs et des entreprises européennes opérant en Algérie qui sont lésés». Concrètement on se sait pas ce que dégaineront les Européens pour tordre le bras d’Alger – “chantage”, sanctions… ? – mais si l’affaire a été ébruitée c’est que la situation est devenue intenable pour les Européens.

Rappelons que l’UE et l’Algérie ont paraphé un accord d’association en 2002, effectif depuis 2005. Ce document fixe un cadre de partenariat entre les deux parties dans tous les secteurs, dont le commerce. Cet accord englobe un dispositif de règlement des différends. Et d’ailleurs il n’y a pas d’autre voie que le dialogue quand l’UE pèse encore 50,6% dans les échanges extérieurs de l’Algérie. Mais voilà, la valeur des exportations européennes chute drastiquement au fil des ans : 22,3 milliards d’euros en 2015, à peine 14,9 milliards d’euros en 2023…

Donc il faut comprendre la nervosité et le désarroi des Européens face à cette hémorragie, surtout qu’en face les autres partenaires d’Alger montent en puissance : La Turquie, la Chine, la Russie, etc. La progression des échanges commerciaux entre l’Algérie et ces pays trouble le sommeil des dirigeants européens. Alger insiste depuis des années pour que l’accord d’association signé avec l’UE soit révisé. Les Algériens sont en position de force depuis que leur gaz est devenu indispensable, alors ils vont prendre leur temps pour répondre aux cris des Européens. Alger n’a toujours pas réagi au communiqué de la Commission européenne.

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