Economie

L’accès au financement est le défi majeur pour les PME tunisiennes

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Les petites et moyennes entreprises (PME) en Tunisie sont le moteur de l’économie nationale, mais elles font face à un défi de taille : plus de 50% d’entre elles rencontrent des difficultés significatives avec les banques, principalement en raison de contraintes financières.

Cette réalité entrave leur capacité à s’approvisionner en matières premières et à constituer des stocks à long terme, compromettant ainsi leur croissance et leur résilience économique.

Environnement financier restreint

Une des principales causes de cette situation est la faible proportion de prêts bancaires accordés aux PME, estimée à seulement 15%. Comparativement, ce chiffre est bien en deçà de celui du Maroc, où les PME bénéficient de 24% des prêts bancaires.

Cette dépendance excessive au financement bancaire est exacerbée par le fait que le recours au marché financier n’est pas une alternative envisageable pour la plupart des PME tunisiennes, qui se voient souvent confrontées à des exigences de garanties importantes et à des taux d’intérêt élevés.

Le paysage financier tunisien présente des défis structurels qui limitent l’accès des PME au financement. Les institutions financières traditionnelles ont tendance à être prudentes dans leurs prêts aux PME, en raison des risques perçus et des garanties souvent insuffisantes. De plus, les taux d’intérêt élevés rendent les emprunts peu attrayants pour les entreprises à petite échelle.

Les défis spécifiques

Outre ces difficultés, les PME tunisiennes sont souvent confrontées à des défis spécifiques qui compliquent davantage leur accès au financement. La plupart sont des entreprises familiales ou des start-ups, ce qui rend difficile l’obtention de financements auprès des banques qui préfèrent souvent traiter avec des entreprises plus établies et plus solides financièrement.

De plus, le manque de transparence financière et de rapports standardisés dans de nombreuses PME rend difficile pour les institutions financières d’évaluer correctement les risques associés à ces entreprises.

Partenaires internationaux à la rescousse

Face à ces défis, divers partenaires internationaux ont contribué au financement des PME tunisiennes ces dernières années. Des lignes de crédit françaises, italiennes, de la Banque Mondiale, espagnoles et allemandes ont été mobilisées dans ce dessein. En parallèle, des programmes d’assistance technique au secteur privé sont offerts par des organismes tels que l’Agence Française de Développement (AFD), la KFW, l’USAID, la JAICA et d’autres partenaires internationaux.

Cependant, malgré ces efforts, certaines conditions de crédit imposées, comme le non-classement des entreprises, ont limité l’accès effectif de nombreuses PME à ces ressources.

Des mesures prévues pour 2024

Pour répondre à cette problématique, la loi des finances 2024 en Tunisie a pris des mesures supplémentaires pour soutenir les PME. Deux lignes de crédit spécifiques ont été prévues dans le cadre du Fonds de soutien pour les PME et du Fonds National de l’Emploi (FNE). De plus, une augmentation du capital de la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises (BFPME) a été programmée pour aider l’institution à surmonter ses difficultés financières.

Afin de réduire la dépendance excessive au financement bancaire et d’offrir des alternatives viables, il est crucial de renforcer les fonds propres des PME tunisiennes. Des instruments tels que les fonds spéciaux du Trésor, le capital-risque et le développement du marché financier doivent être développés. Parallèlement, la question des garanties reste un obstacle majeur pour de nombreuses PME. La mise en place d’un système de garantie plus adapté, comme celui de la Société Tunisienne de Garantie des Crédits aux PME (SOTUGAR), est cruciale pour faciliter l’accès des PME au financement.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek