Alors que les citoyens tunisiens mettent la pression sur le Mufti de la République pour décréter qu’ils peuvent zapper le mouton de l’Aïd (ce qui dégonflerait les prix du marché, espèrent les acheteurs) faisons un tour du côté du Sénégal. Là-bas le mouton de l’Aïd el-Kébir (on appelle cette fête «Tabaski» dans la langue locale, le Wolof) fait l’objet d’un véritable culte qui n’a rien de religieux, là on parle de business, du gros. Alors décréter au Sénégal qu’il faut faire l’impasse sur le sacrifice rituel serait vécu comme un véritable drame par beaucoup. Impensable…
Ceux qui n’ont jamais vu ce phénomène qui dépasse l’entendement auront beaucoup de mal à le croire. Des moutons de l’Aïd dont les prix atteignent des niveaux stratosphériques, 40 millions de Francs CFA (61 000 euros), voire 52 millions (80 000 euros). Et surtout n’allez pas dire à leurs propriétaires, des mordus d’élevage, que leurs tarifs sont élevés, ils pourraient mal le prendre.
Ces éleveurs et leurs bêtes pas comme les autres ne font qu’un, la passion d’une vie. Rien n’est trop beau ou trop cher pour bichonner ces moutons de race. Ladoum, Assmabo…, ce sont les «appellations d’origine contrôlée» (aucune fraude sur la race ne peut échapper aux «experts») de ces animaux hors normes qui peuvent peser jusqu’à 150 kilos, sans graisse, ou presque.
Pour atteindre ces proportions les béliers sont nourris avec une alimentation très spéciale, suivis régulièrement pas des vétérinaires, lavés fréquemment pour être étincelants, mis dans des enclos à l’abri du soleil et de la poussières, etc. Bref, ces bêtes sont sans doute les mieux traitées au monde… jusqu’au jour du sacrifice. Et même après les avoir vendues à prix d’or les propriétaires râlent au motif qu’ils ont à peine recouvré les sommes dépensées.
Les moutons vont bientôt envahir la capitale sénégalaise, Dakar, il y en aura partout dans les rues, les foires. Bien entendu peu de citoyens vont vers les spécimens les plus impressionnants, il faut en voir les moyens, ceux qui les achètent très souvent les réserve à la reproduction. Avec les gênes de ces races améliorées qui valent de l’or il y a moyen de monter un business qui rapportera gros.
Pour beaucoup d’éleveurs la séparation sera difficile, comme chaque année, car ces bêtes finissent par faire partie de la famille. Mais les affaires restent les affaires. Et puis comme ils sont dans des cycles sans fin un mouton en remplace un autre, de la sorte le lien affectif et la passion du métier demeurent…
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