Une expulsion inédite depuis 1962
L’Algérie a décidé d’expulser 12 agents français, leur imposant de quitter le territoire dans un délai de 48 heures. Cette décision concerne des agents relevant du ministère français de l’Intérieur, employés à l’ambassade de France à Alger, et constitue une mesure diplomatique sans précédent depuis l’indépendance du pays en 1962.
Le geste d’Alger intervient en réponse à l’arrestation en France de trois ressortissants algériens, dont un agent consulaire, accusés d’avoir participé à l’enlèvement d’Amir Boukhors, un influenceur algérien critique du régime, résidant en France.
Une affaire judiciaire à l’origine de la tension
Vendredi 11 avril, le parquet national antiterroriste (Pnat) français a mis en examen les trois suspects pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, dans le cadre d’une entreprise terroriste.
Parmi eux, un agent consulaire algérien, dont l’inculpation a provoqué l’ire d’Alger. Le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé une procédure « farfelue » et « inadmissible », y voyant une provocation majeure susceptible de porter un grave préjudice aux relations bilatérales.
La France dénonce une réaction disproportionnée
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a qualifié cette expulsion de “décision injustifiée” et “sans rapport avec les faits”. Il appelle Alger à “renoncer à ces mesures”, affirmant que la procédure judiciaire suit son cours en toute indépendance.
Barrot avertit : “Si cette décision est maintenue, la France se réserve le droit de répondre immédiatement“. Il rappelle également que Paris et Alger avaient convenu récemment de retisser les liens diplomatiques après une série de tensions majeures.
Une crise dans un contexte de normalisation fragile
Cette nouvelle crise diplomatique intervient à peine une semaine après la visite de Jean-Noël Barrot à Alger, où il avait rencontré son homologue Ahmed Attaf et le président Abdelmadjid Tebboune. L’objectif était de marquer une “nouvelle phase” des relations bilatérales après plusieurs mois de tensions.
Parmi les points de friction récents figurent le revirement de Paris sur le Sahara occidental, perçu comme un soutien implicite au plan marocain d’autonomie, et l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, qui avaient plongé les deux pays dans une crise diplomatique d’une rare intensité.
Vers une nouvelle escalade diplomatique ?
Alors que les relations franco-algériennes tentaient péniblement de retrouver un équilibre, l’affaire Boukhors ravive les tensions. En choisissant l’expulsion de diplomates français, Alger envoie un signal fort, mais risqué. Cette mesure pourrait entraîner des représailles symétriques de la part de Paris, ravivant un cycle de tensions à répétition.
À ce stade, les efforts de rapprochement affichés par Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune semblent de nouveau mis à mal, dans un climat diplomatique extrêmement volatil.
La balle est désormais dans le camp des deux capitales : choisir la voie de l’apaisement ou celle de l’escalade.
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