Maghreb

L’Algérie proteste vivement après l’arrestation d’un agent consulaire en France

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Les relations déjà fragiles entre l’Algérie et la France connaissent un nouvel épisode de tension diplomatique. Samedi soir, Alger a exprimé sa “vive protestation” après le placement en détention d’un de ses agents consulaires par la justice française. Ce dernier est soupçonné d’avoir participé à l’enlèvement, fin avril 2024, de l’influenceur et opposant algérien Amir Boukhors, plus connu sous le pseudonyme “Amir DZ”, résidant en France.

Dans un communiqué cinglant, le ministère algérien des Affaires étrangères a qualifié ce développement de “nouveau, inadmissible et inqualifiable“, avertissant qu’il “causera un grand dommage aux relations algéro-françaises” et affirmant qu’Alger ne laissera pas cette situation “sans conséquences“.

Trois hommes ont été mis en examen vendredi à Paris dans le cadre de cette affaire, a annoncé le Parquet national antiterroriste (PNAT). Parmi eux figure un employé d’un des consulats algériens en France. Ils sont poursuivis pour “arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour”, en lien avec “une entreprise terroriste”.

Amir Boukhors, cible de cet enlèvement présumé, est un influenceur algérien installé en France depuis 2016. Réfugié politique depuis 2023, il est connu pour ses critiques virulentes contre le régime algérien. Les autorités d’Alger réclamaient son extradition pour le juger.

Selon Alger, l’arrestation de son agent consulaire s’est déroulée en “pleine voie publique” sans notification préalable par les canaux diplomatiques habituels, ce qu’elle considère comme une entorse grave aux usages en matière de relations consulaires. Sur le fond, le ministère rejette fermement les accusations portées, qualifiant l’argumentation française de “vermoulue et farfelue”, reposant uniquement sur une localisation téléphonique autour du domicile de l’influenceur.

L’Algérie y voit une volonté délibérée de saboter le fragile réchauffement bilatéral entamé récemment. “Ce tournant judiciaire inédit dans les annales des relations algéro-françaises n’est pas le fruit du hasard”, affirme le communiqué, y voyant un acte destiné à “torpiller” le processus de relance des relations décidé par Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune lors de leur entretien téléphonique du 31 mars dernier.

Ces dernières années, les relations entre Paris et Alger ont été secouées par plusieurs crises, notamment après le soutien de la France, à l’été 2023, à un plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, une région dont les indépendantistes du Polisario sont soutenus par l’Algérie. L’affaire actuelle vient s’ajouter à un climat diplomatique déjà pesant, malgré des signes récents d’apaisement.

Alger a convoqué l’ambassadeur de France pour exprimer officiellement sa protestation et exige désormais la libération immédiate de son agent consulaire.

Paris, de son côté, n’a pas encore officiellement réagi à cette demande, laissant planer l’incertitude sur l’issue de cette crise diplomatique.

 

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