L’Algérie a refusé lundi 17 mars 2025 la liste de noms d’une soixantaine d’Algériens à expulser que la France lui a soumis vendredi, une démarche qui est « rejetée sur la forme et le fond » par Alger, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
« Les autorités algériennes ont décidé de ne pas donner suite à la liste soumise par les autorités françaises » et les ont « invitées à suivre le canal d’usage (pour une telle procédure) en l’occurrence celui établi entre les préfectures et les consulats », selon le communiqué.
Le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, Lounes Magramane, a reçu lundi le chargé d’affaires de l’ambassade de France en Algérie, au sujet d’une liste des ressortissants algériens « faisant l’objet de décisions d’éloignement du territoire français », selon le ministère.
Magramane a remis à son interlocuteur une note verbale contenant la réponse officielle des autorités algériennes où l’Algérie « réaffirme son rejet catégorique des menaces et des velléités d’intimidation ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout langage comminatoire », selon le communiqué.
Au sujet du rejet de la liste établie par Paris, l’Algérie a dit n’être « animée que par le souci de s’acquitter de son devoir de protection consulaire à l’égard de ses ressortissants ».
« Sur la forme », Alger a estimé que Paris « ne pouvait pas unilatéralement et à sa seule discrétion remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers d’éloignement », qui est celui qui relie chaque préfecture française au consulat algérien de sa zone.
« Sur le fond », l’Algérie a rappelé l’existence d’un protocole d’accord datant de 1994, relié à une convention bilatérale signée en 1974, « qui demeure le cadre de référence principal en matière consulaire entre les deux pays ». Il est important, pour Alger, de « veiller au respect des droits des personnes faisant l’objet de mesures d’éloignement ».
La France avait établi une première liste d’une soixantaine de noms d’Algériens à expulser en fin de semaine dernière. « Nous avons fait une première liste, établie clairement avec des profils de type “ troubles à l’ordre public” ou sortant de prison ou avec des profils dangereux. Sur cette liste ne figurent que des ressortissants algériens, dont nous avons les preuves de la nationalité algérienne », avait expliqué Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur.
Le refus de l’Algérie d’accepter ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort à Mulhouse le 22 février, a fini d’envenimer des relations déjà très dégradées entre les deux pays depuis la reconnaissance en juillet dernier par le président Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
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