Un vent d’optimisme souffle sur Buenos Aires. L’Argentine a obtenu, vendredi 11 avril, un soutien financier massif de 42 milliards de dollars de la part de trois institutions internationales : le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM) et la Banque interaméricaine de développement (BID).
Ce soutien, salué comme un « vote de confiance » par les bailleurs, marque un tournant dans la stratégie économique du président Javier Milei, engagé depuis son arrivée au pouvoir dans un programme d’austérité radicale.
Le FMI a validé un prêt de 20 milliards de dollars, dont 12 milliards seront versés immédiatement, suivis d’une tranche supplémentaire de 2 milliards prévue pour juin. La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a salué sur X « les impressionnants progrès réalisés dans la stabilisation de l’économie » et la « détermination du gouvernement à poursuivre les réformes ».
De son côté, le président Milei a affirmé que l’économie argentine allait « croître comme jamais auparavant », confiant dans l’effet d’entraînement des mesures économiques adoptées depuis décembre 2023.
La Banque mondiale a annoncé un appui inattendu de 12 milliards de dollars, destiné à renforcer les réformes structurelles et attirer les investissements privés.
Quant à la BID, elle prévoit de verser jusqu’à 10 milliards de dollars sur trois ans, après validation de son conseil d’administration.
Dans le sillage de ces annonces, la Banque centrale d’Argentine (BCRA) a instauré un taux de change flottant pour le peso, dans une bande comprise entre 1.000 et 1.400 pesos par dollar, élargie mensuellement de 1%.
Autre changement crucial : la levée de la limite mensuelle de 200 dollars par personne, réinstaurant l’accès libre au billet vert pour les Argentins, fortement dollarisés dans leurs habitudes de consommation et d’épargne.
Si le taux d’inflation mensuel s’est légèrement redressé à 3,7% en mars, l’inflation annuelle a connu une nette baisse à 55,9%, contre 211% à la fin de 2023. Ces chiffres confirment une tendance désinflationniste, mais la stabilisation reste fragile. L’objectif de Javier Milei est clair : « exterminer l’inflation » et restaurer la confiance.
Pour le politologue Belen Amadeo, cet accord est une nécessité politique autant qu’économique. « Milei a besoin de cet accord comme de l’air », explique-t-il à l’AFP.
Cet accord lui offre un répit face à une opinion publique inquiète, notamment après une récession de 1,8% en 2024 et une pauvreté qui a brièvement dépassé 52% avant de retomber à 38%.
Ce nouvel accord est le 23e programme signé avec le FMI depuis 1956, soulignant la dépendance structurelle de l’Argentine à l’égard du financement extérieur. En 2018, le pays avait déjà obtenu un prêt de 44 milliards de dollars, dont la majeure partie reste à rembourser.
En dépit du soutien record reçu ce vendredi, l’Argentine reste confrontée à un défi monumental : concilier rigueur budgétaire, stabilité monétaire, et relance économique, tout en préservant la cohésion sociale d’un pays à la mémoire douloureuse des crises financières.
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