Jusqu’où ira le bras de fer épique entre les USA et l’un de ses premiers partenaires économiques, le Canada ? Comme promis, après un mois de report, le président américain, Donald Trump, a attaqué hier mardi 4 mars avec une majoration de 25% des droits de douane sur les produits canadiens. Washington a fracassé des décennies de libre-échange en Amérique du Nord. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a immédiatement répliqué avec des taxes douanières de 25% sur un total de 155 milliards de dollars canadiens (98 milliards d’euros) de marchandises américaines. Il avait dit que d’autres tirs suivraient très rapidement, l’Ontario monte au front.
L’influent Premier ministre de cette province canadienne, Doug Ford, a annoncé que son gouvernement envisage des représailles, qui vont de la taxe de 25% sur les livraisons d’électricité aux États du nord-est américain (New York, Minnesota, Michigan) à la coupure de l’approvisionnement. «Le président Trump ne nous laisse pas le choix (…). Je n’hésiterai pas à augmenter ce prix ou, si cela est nécessaire, couper complètement l’électricité», a asséné Ford dans son communiqué.
Avec ses barrages hydroélectriques et ses centrales nucléaires, l’Ontario est un gros pourvoyeur d’énergie pour ses voisins du sud. La province canadienne électrifie 1,5 million de foyers et une pléthore d’entreprises, il faut imaginer les dégâts si Ford joint les actes à la parole. Trump a averti ses concitoyens que sa guerre commerciale fera des dégâts collatéraux dans le porte-monnaie des Américains, les entreprises, on en a là l’illustration.
Hier mardi dans une conférence de presse aux accents guerriers, Trudeau avait qualifié de «stupide» l’assaut de Trump. «Donald, tu es très intelligent, mais c’est vraiment stupide ce que tu fais», a dit le Premier ministre démissionnaire. Il est d’avis que Washington veut «faire chuter l’économie» pour par la suite «pouvoir annexer» le pays. «Je ne sais pas quelle négociation on pourrait entamer», a ajouté Trudeau…
Il fait allusion à l’offre de dialogue faite hier par le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, alors que les taxes venaient de s’abattre sur le Canada, le Mexique et la Chine. Rappelons que dans la même soirée Trump a vanté devant le Congrès américain sa politique économique très agressive, pour «rendre les Etats-Unis de nouveau riches et grands. Cela va se produire et même plutôt rapidement». Ce n’est pas l’idée qu’on se fait de quelqu’un qui veut négocier de bonne foi.
Au sujet de la déferlante du fentanyl aux États-Unis, une puissante drogue qui sévit chez les jeunes, le motif évoqué par le président américain pour justifier la hausse des droits de douane, Trudeau a dit ceci : C’est «complètement bidon, complètement injustifiée».
Le Canada n’en restera pas aux mesures de rétorsion, il saisira l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester la décision américaine. Face à ce puissant front Trump a menacé de taxer davantage les importations canadiennes, avec l’oeil rivé sur la Bourse de New York. Elle a fini hier sur une mauvaise note, la deuxième d’affilée. Le Dow Jones a baissé de 1,55%, l’indice Nasdaq de 0,35% et l’indice élargi S&P 500 de 1,22%…
Tous les profits réalisés depuis l’élection de Trump le 5 novembre dernier sont partis en fumée. Quand Trump disait que les USA trinqueraient aussi dans ce conflit hors normes, sans précédent.
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