Le plus grand fonds souverain du monde, le Government Pension Fund Global de Norvège, d’une valeur estimée à 1,7 trillion de dollars, a essuyé sa plus lourde perte en un an et demi, dans un contexte de forte volatilité des marchés.
Le repli du secteur technologique, principal pilier de ses investissements, a particulièrement pesé sur ses performances au premier trimestre 2025.
Une perte de 40 milliards de dollars au premier trimestre
Dans un communiqué publié ce jeudi, le fonds souverain norvégien a annoncé une perte de 0,6% sur ses investissements au cours des trois premiers mois de l’année, soit l’équivalent de 40 milliards de dollars. Il s’agit de la plus forte baisse enregistrée depuis le troisième trimestre de 2023.
Le recul de 1,6% des actions détenues par le fonds a été en grande partie attribué à la contre-performance des géants de la tech. Pourtant, les obligations ont compensé en partie cette chute, affichant une hausse de 1,6%. Le rendement global reste légèrement supérieur à l’indice de référence, avec un écart positif de 0,16%.
Des poids lourds technologiques en difficulté
Le fonds est fortement exposé aux grandes entreprises technologiques américaines, notamment Apple, Microsoft, Nvidia, Alphabet, Amazon, Meta et Tesla. Ces sociétés ont longtemps constitué un moteur de croissance pour le portefeuille norvégien, générant notamment un rendement exceptionnel de 13% en 2024. Toutefois, depuis 18 mois, la direction du fonds a commencé à rééquilibrer ses actifs en réduisant progressivement la part de ces actions.
Trond Grande, directeur général adjoint du fonds, a confirmé cette orientation stratégique en réponse aux fluctuations de plus en plus marquées des marchés.
Les tensions commerciales pèsent sur les perspectives
Cette contre-performance survient dans un contexte de tensions commerciales croissantes. Les nouvelles hausses de droits de douane annoncées par le président américain Donald Trump en avril 2025, notamment contre la Chine, ont accentué les inquiétudes des investisseurs. Nikolas Tangen, PDG du fonds, a alerté sur les conséquences d’un environnement économique marqué par une inflation durable. « Nous sommes à l’aube d’une phase plus inflationniste. C’est une conséquence directe de la politique tarifaire agressive menée par les États-Unis. Cela aura un impact négatif sur les marchés », a-t-il affirmé à Bloomberg.
Malgré les pertes, la stratégie reste tournée vers les États-Unis
Malgré les turbulences, le fonds continue d’afficher sa confiance dans le potentiel des entreprises américaines. « Les grandes sociétés américaines représentent des investissements à long terme de qualité.
Nous sommes heureux d’augmenter notre exposition dans ce secteur », a déclaré Tangen, rappelant que cette stratégie est conforme aux directives fixées par le ministère norvégien des Finances.
Des ajustements à venir dans les marchés émergents
Le fonds norvégien détient des parts dans plus de 8 600 entreprises dans le monde. Pour rationaliser son portefeuille et optimiser sa performance, le ministre des Finances Jens Stoltenberg a annoncé l’intention de réduire ce nombre, notamment en cédant plusieurs participations dans de petites sociétés des marchés émergents.
Une opération de grande ampleur, compte tenu du poids du fonds sur les marchés internationaux, qui nécessitera une mise en œuvre progressive.
Un rôle central dans l’économie norvégienne
Au premier trimestre, le gouvernement norvégien a versé 78 milliards de couronnes (environ 7,5 milliards de dollars) dans le fonds, témoignant de l’importance stratégique de cet outil pour financer les politiques publiques.
Malgré un contexte défavorable, le fonds demeure un pilier essentiel de la stabilité économique de la Norvège et une référence mondiale en matière de gestion patrimoniale d’État.
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