C’est un des reproches que fait le président Donald Tump aux Européens : ils n’achètent pas suffisamment de gaz américain (les voitures et les produits agricoles également) pour rééquilibrer la balance commerciale. C’est ainsi que Washington justifie ses frappes sur les droits de douane (un argument fallacieux, en réalité Trump veut renflouer ses caisses exsangues). Le président américain aura moins de raisons de fulminer contre les pays de l’Union européenne (UE) : En ce début d’année 2025 les USA ont conforté leur position de 1er fournisseur de gaz en Europe. L’Algérie, qui a grossi considérablement sur le marché européen à la faveur du net recul de la Russie, devra se battre face au mastodonte américain.
Les dernières données livrées par d’Eurostat indiquent des mutations sur le marché gazier européen. En janvier dernier les États-Unis ont exporté pour 2,25 milliards d’euros de gaz vers l’UE, soit une hausse de 100% en comparaison avec les mois précédents. Avec ce volume le pays de l’oncle Sam capte 27,85% des parts de marché, s’imposant comme le premier fournisseur de gaz en Europe. L’Algérie quant à elle s’est tassée, -2% dans ses exportations vers l’UE, un montant global de 1,3 milliard d’euros.
Le classement des principaux fournisseurs de gaz à l’UE :
– États-Unis : 2,25 milliards d’euros (+100%)
– Russie : 1,9 milliard d’euros (+3,6%)
– Algérie : 1,3 milliard d’euros (-2%)
– Norvège : 1 milliard d’euros (stable)
– Azerbaïdjan : 365 millions d’euros (-25%)
Au niveau des volumes exportés, l’Algérie conforte son rang de 2e fournisseur de gaz naturel par gazoduc vers l’Europe, avec 92,6 millions de m³/jour en février dernier. Une forte poussée qui permet de doubler presque les quantités fournies par la Russie, 52,5 millions de m³/jour. Le classement :
– Norvège : 137,5 millions de m³/jour
– Algérie : 92,6 millions de m³/jour
– Russie : 52,5 millions de m³/jour
– Azerbaïdjan : 28,2 millions de m³/jour
– Libye : 1,25 million de m³/jour
L’Europe fait tout pour réduire sa dépendance des énergies fossiles et lorgne de plus en plus l’énergie nucléaire – la France est idéalement positionnée – et les énergies renouvelables. Les exportations de gaz vers le Vieux continent ont légèrement baissé cette année. Et plus le marché se restreint plus les fournisseurs doivent jouer des coudes pour s’imposer. Il est difficile de rivaliser avec les Etats-Unis et leurs infrastructures de GNL imposantes, sans parler de leur puissance géopolitique…
La guerre commerciale entre les USA et l’UE pourrait avantager les concurrents dans un proche avenir, en attendant les fournisseurs américains rayonnent. Leur retour en force en Espagne le démontre. En 2022 ils ont profité de la rupture des liens entre Alger et Madrid pour conforter leur place de leader sur le marché local. En mai 2023 l’Algérie est devenue numéro 1, début 2025 les Américains reviennent en force, dans un marché qui a perdu des couleurs…
En février 2025 les importations espagnoles de gaz ont baissé de 26%, passant de 35,63 TWh en janvier dernier à 26,32 TWh. Les États-Unis ont repris leur place de 1er fournisseur de gaz à l’Espagne, avec une part de marché de 35,2%. Là au moins le président Trump a des motifs de satisfaction, on verra pour le reste vu que l’UE a décidé de temporiser pour sa riposte à la surtaxe américaine sur l’acier et l’aluminium. Ce sera finalement mi-avril prochain au lieu du 1er avril, ça laisse du temps pour la négociation.
Laissez un commentaire