Economie

Le gouvernement table sur une croissance de 1,8% sans préciser les hypothèses pour y parvenir

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Le budget économique de l’année 2023 publié récemment par le ministère de l’Économie et de la Planification a annoncé que le produit intérieur brut devrait croître de 1,8 % en 2023, contre 2,2 % en 2022. Ce niveau de croissance est attribué au ralentissement de l’activité dans le secteur manufacturier orienté vers l’exportation, compte tenu de la baisse de la demande extérieure des partenaires commerciaux extérieurs de la Tunisie, en plus de la baisse continue de la production du secteur des hydrocarbures, alors qu’il est prévu qu’une croissance modérée sera enregistrée pour la plupart des autres secteurs productifs. Sur cette base, le revenu par habitant atteindra 13 688,9 dinars au cours de l’année 2023 (4 277,8 $).

A noter que la Tunisie est classée parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure au cours de l’année 2022, selon la classification de la Banque mondiale.

Hausse importante du revenu par habitant !

La détermination du revenu par habitant à ce niveau signifie qu’il a enregistré une augmentation de 59,4% par rapport à 2016, ce qui indique que ce chiffre est peu fiable – malgré son importance en tant qu’indicateur économique- compte tenu de l’exacerbation sans précédent de l’inflation et de la pauvreté au cours des dernières années.

Selon le document officiel, la tendance de croissance pour l’année 2023 repose sur la base d’une augmentation de la valeur ajoutée du secteur agricole de 1,3% aux prix constants, compte tenu d’une augmentation attendue de la production céréalière d’environ 17,9 millions quintaux pendant la saison en cours à 19 millions de quintaux la saison prochaine et une augmentation de la production d’huile d’olive de 1180 mille tonnes pendant la saison en cours à 1240 mille tonnes la saison prochaine…

Il semble que ces chiffres sont irréalistes, compte tenu de la sécheresse que connaît le pays et qui se poursuit pour la cinquième année consécutive, en plus de l’effondrement de la plupart des systèmes agricoles, notamment en ce qui concerne production céréalière, compte tenu de leur contradiction avec les données divulguées par les organismes nationaux et internationaux.

Les données ont montré que l’année prochaine, la valeur ajoutée du secteur industriel devrait augmenter de 1,5%, tandis que la valeur ajoutée du secteur des services devrait augmenter de 1,8%.

Cependant, le budget économique de l’année 2023 n’a pas divulgué les hypothèses les plus importantes de l’activité des secteurs économiques, à savoir le taux de change du dinar contre les principales devises internationales, ainsi que la valeur moyenne du baril de pétrole qui détermine le niveau des bilans énergétiques, en plus des prix de référence des importations de matières de base pour l’année suivante.

Absence de stratégie pour limiter le déficit commercial

Le document est également passé à côté de la stratégie à adopter pour réduire le niveau très élevé de dépendance dans le domaine des importations, d’autant plus que la Tunisie importe environ un quart de ses besoins sensibles, notamment dans le secteur industriel, ainsi que la dépendance dans le domaine de l’approvisionnement depuis un nombre limité de pays, ce qui provoquerai des risques souverains élevés.

La Chine représente la principale source des risques de dépendance économique, puisqu’elle constitue à elle seule la seule source pour neuf catégories de produits d’approvisionnement « critiques », suivie de la France et de l’Italie, tandis que la Turquie occupe la quatrième place. Le document n’a pas évoqué pas la possibilité de revoir les accords commerciaux déloyaux, notamment avec la Turquie, ni comment limiter les importations anarchiques, notamment en provenance de Chine.

Malgré la crise suffocante que traverse le secteur du tourisme et l’imposition d’importantes charges fiscales pour l’année prochaine, il a été confirmé que le secteur devrait retrouver sa vitalité en 2023, parallèlement à l’amélioration et à la diversification continues de l’offre touristique.

Il est également prévu que l’année prochaine, selon la balance économique de l’année 2023, verra le développement de l’activité dans le secteur des transports avec toutes ses composantes, en particulier le transport ferroviaire, à la suite de l’entrée RFR au stade de l’exploitation et du transport terrestre en relation avec la modernisation du parc de bus.

En fait, à ce niveau, l’affaire ne dépasse pas les promesses consommées depuis des années, étant donné que les données officielles ont négligé la hausse mensuelle des prix du carburant, qui devrait avoir des répercussions très négatives sur le secteur, en plus de l’absence de toute volonté pour résoudre les problèmes du transport, notamment à Tunis et dans les grandes villes.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek