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Le marché automobile tunisien face à de nombreux défis : Les concessionnaires demandent des réformes

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La Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux (FTDJ) a lancé une série de rencontres-débats sur les problématiques économiques et industrielles du pays.

La première session, organisée le vendredi 28 février 2025 au nouvel Hôtel Kyriad à Tunis, était consacrée au marché automobile tunisien, un secteur en crise qui souffre de restrictions d’importation, de taxation excessive et d’une concurrence accrue du marché parallèle.

Un secteur économique majeur sous pression

Les concessionnaires automobiles jouent un rôle économique crucial en Tunisie. Ils contribuent significativement aux recettes fiscales à travers les droits de douane, la TVA et l’impôt sur les sociétés ( 35%). Pourtant, le secteur fait face à une série de difficultés qui freinent son développement et limitent l’accès des Tunisiens aux véhicules neufs.

Parmi les constats faits lors du débat, il est ressorti que le parc automobile tunisien est vieillissant, avec plus de 50% des véhicules ayant plus de 15 ans d’âge, ce qui pose des problèmes de sécurité et de pollution.

De plus, la demande de voitures, excède largement l’offre disponible. Le quota d’importation alloué par le ministère du Commerce ne permet d’importer qu’environ 50 000 voitures par an, alors que la demande annuelle est estimée à 80 000 unités.

Cette pénurie pousse de nombreux acheteurs à se tourner vers le marché parallèle, avec les risques que cela comporte : falsification du kilométrage, pièces usées, absence de garantie, etc.

Les revendications des concessionnaires

Face à cette situation, la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles a soumis plusieurs recommandations aux autorités :

  1. Un plan triennal pour anticiper les besoins en importation : Le ministère du Commerce devrait établir un plan sur trois ans afin de mieux négocier les quotas avec les constructeurs internationaux et garantir des tarifs plus compétitifs pour les Tunisiens.

  2. Augmenter le prix des voitures populaires à 40 000 dinars : Fixé à 35 000 dinars depuis 2024, ce plafond est jugé insuffisant pour importer des modèles de qualité et diversifier l’offre.

  3. Encourager la transition vers la mobilité électrique : Il est proposé de détaxer complètement les voitures électriques pour les exclure des quotas d’importation, facilitant ainsi leur accès au marché tunisien.

  4. Revoir la fiscalité sur les voitures d’occasion vendues par les concessionnaires : Contrairement aux voitures d’occasion vendues sur le marché informel, celles vendues par les concessionnaires sont soumises à la TVA, ce qui augmente leur coût et réduit leur compétitivité.

Un secteur impacté par la fiscalité et les restrictions

En 2018, une étude avait mis en lumière l’importance du secteur automobile pour l’économie tunisienne. Toutefois, malgré son poids économique, ce marché demeure fortement taxé et entravé par des politiques restrictives.

L’année 2024 a enregistré une hausse modérée de 2,37% des ventes de voitures particulières et utilitaires. Cependant, les ventes de véhicules neufs ont chuté de 5% en raison de la concurrence croissante des voitures ré-immatriculées, favorisée par la suppression de l’incessibilité des véhicules importés sous le régime FCR en 2023.

Selon les données du secteur, les ventes de voitures FCR ré-immatriculées ont bondi de 34,6% en 2024, passant de 16 519 à 22 232 véhicules. Cette tendance complique davantage la position des concessionnaires, qui demandent une augmentation du quota d’importation, afin de sécuriser un approvisionnement stable en véhicules neufs.

Vers un renforcement de la mobilité durable

Parmi les recommandations phares des concessionnaires figure l’accélération du passage à la mobilité électrique. Plusieurs acteurs du marché estiment que l’avenir du secteur passe par une transition vers des véhicules plus écologiques.

Cependant, pour que cela devienne une réalité en Tunisie, il est nécessaire de développer les infrastructures de recharge, d’accorder des avantages fiscaux et d’encourager les importations de voitures électriques.

Quelles perspectives pour le secteur automobile tunisien ?

Alors que la demande pour les voitures neuves continue de croître, les professionnels du secteur attendent une réponse claire du ministère du Commerce sur la révision des quotas d’importation et des taxes appliquées aux véhicules neufs et d’occasion. Un cadre réglementaire plus adapté permettrait de relancer la dynamique du marché et de répondre aux besoins des Tunisiens en matière de mobilité.

Le secteur automobile, qui contribue à hauteur de plusieurs milliards de dinars à l’économie nationale, ne pourra prospérer sans une politique plus flexible et prédictible, permettant aux concessionnaires de mieux anticiper leurs commandes et d’assurer aux citoyens une offre plus accessible et diversifiée.

 

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