C’est le dernier rebondissement d’une bataille épique entre deux géants mondiaux autour d’un minerai essentiel, qui fait courir beaucoup de monde (la Chine, les Emirats arabes unis, etc.). Fin avril dernier la compagnie sud-africaine Anglo American avait rejeté une première offre de rachat qui devait faire monter la valeur de l’entreprise à 39 milliards de dollars. L’anglo-australien BHP est revenu à la charge pour prendre le contrôle de son grand concurrent. Le but de la manoevre : Mettre la main sur l’énorme portefeuille de cuivre du rival. Mais BHP insiste pour que les mines de fer et de platine soient cédées avant toute fusion, et là ça coince.
Nouvel échec cuisant pour le groupe minier anglo-australien. Sa rivale qui a vu le jour en Afrique du Sud il y a plus d’un siècle a fait savoir hier lundi 13 mai que la deuxième offre de 34 milliards de livres sterling (42,7 milliards de dollars) n’a pas eu plus de succès que la première, 10% de plus sur le montant ou pas. Ce n’est pas tout, BHP proposait aux actionnaires d’Anglo American de se partager 16,6% du groupe né de la fusion, contre 14,8% dans la proposition initiale…
Le Conseil d’administration du sud-africain ferme toujours la porte au motif que la fusion est «très peu attrayante» pour ses actionnaires. «La dernière proposition de BHP ne reconnaît toujours pas la valeur inhérente à Anglo American. Anglo American, ses actionnaires et ses parties prenantes sont donc exposés de manière disproportionnée à l’incertitude substantielle et au risque d’exécution créés par l’exécution inter conditionnelle proposée de deux scissions et d’une prise de contrôle», a précisé Stuart Chambers, président du ténor minier domicilié à Londres.
Reste à savoir comment la direction d’Anglo American parviendra à se soustraire à cette OPA (offre publique d’achat), une pratique du capitalisme moderne qui est certes barbare mais qui n’a rien d’illégal. La stratégie du sud-africain est sur le feu depuis la mi-2023. Le groupe passe à la loupe son portefeuille pour élaborer un plan qui lui permettrait d’élargir son périmètre. Objectif : Hausser la valeur du sud-africain pour le mettre à l’abri des tirs de BHP. Ce plan très attendu par les actionnaires pourrait tomber ce 14 mai…ou pas.
A noter que les gisements sud-africains de platine et de minerai de fer ne sont pas les seules cibles d’Anglo American, il y a aussi les diamants à travers le groupe De Beers et le cuivre. Et c’est surtout pour ce dernier que BHP convoite son rival. Si Anglo American tombe dans son escarcelle l’anglo-australien se retrouverait à la tête des plus grandes mines de cuivre de la planète. Et justement la demande explose sur le marché mondial sur fond de transition énergétique, les cours titillent actuellement la barre des 10 000 dollars la tonne. Si BHP harcèle son rival c’est essentiellement pour ça.
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