À l’approche de la présentation du printemps budgétaire britannique, prévue pour ce mercredi, les grandes banques internationales affichent un pessimisme croissant envers la livre sterling.
Selon un rapport publié par l’agence Bloomberg, la monnaie britannique pourrait chuter face à l’euro en raison de craintes accrues concernant les coupes budgétaires, le ralentissement de la croissance économique et le risque de baisses des taux directeurs.
JP Morgan Chase et la banque espagnole BBVA conseillent désormais aux investisseurs de vendre la livre et d’acheter l’euro avant l’annonce budgétaire. Elles prévoient que la monnaie britannique tombe à 85 pence pour un euro d’ici la fin du prochain trimestre — son plus bas niveau depuis août 2024.
Selon Roberto Cobo Garcia, responsable de la stratégie devises chez BBVA, ce budget « ne devrait contenir aucune surprise positive » et risque au contraire de pousser davantage la livre à la baisse, avec une projection à 0,8470 euro à court terme.
La chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, devrait dévoiler une réduction des dépenses publiques et une hausse de l’endettement, dans le respect des règles budgétaires auto-imposées par le gouvernement. Ces décisions pourraient être accompagnées de prévisions de croissance revues à la baisse, selon l’Office for Budget Responsibility (OBR), renforçant ainsi les attentes d’un assouplissement monétaire supplémentaire par la Banque d’Angleterre.
Eric Nelson, analyste chez Wells Fargo, estime que ces facteurs font de la livre « la principale soupape de décompression des inquiétudes économiques britanniques », avec une possible spirale baissière durable.
La pression s’accentue d’autant plus que la zone euro semble amorcer une reprise, soutenue notamment par un plan d’investissement massif annoncé par l’Allemagne, incluant des centaines de milliards d’euros dans la défense et les infrastructures.
Ce contexte rend l’euro plus attractif aux yeux des marchés, accentuant l’écart avec une livre fragilisée par les perspectives économiques internes.
Au-delà des considérations domestiques, les menaces de nouvelles barrières douanières américaines, prévues pour le 2 avril, pèsent également sur la livre. D’après JP Morgan, d’éventuelles restrictions sur les exportations britanniques vers les États-Unis aggraveraient le tableau macroéconomique et accentueraient les pressions à la baisse sur la devise.
Dans une note interne, l’équipe de JP Morgan dirigée par James Neilligan affirme que ces droits de douane « ajouteraient une pression érosive à long terme sur la livre sterling », en affaiblissant à la fois la croissance et les revenus commerciaux du Royaume-Uni.
Un autre facteur de risque réside dans la poursuite d’une inflation élevée, qui limiterait les marges de manœuvre de la Banque d’Angleterre.
Cependant, si les perspectives se dégradent plus rapidement que prévu, jusqu’à cinq baisses de taux supplémentaires pourraient être envisagées, selon Cobo Garcia (BBVA), dans un scénario de ralentissement couplé à une baisse de l’inflation.
Les marchés restent en alerte dans l’attente du discours de Rachel Reeves. La combinaison d’ajustements budgétaires, de croissance faible et de chocs externes pourrait durablement éroder la confiance dans la livre sterling.
La devise britannique entame ainsi une période de vulnérabilité accrue, alors que les arbitrages économiques et politiques du gouvernement Sunak seront scrutés de très près par les investisseurs.
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