Le président Emmanuel Macron bataille depuis des années pour monter une vraie Défense européenne, avec une expertise et une production européennes. Et la France a de sacrés atouts à faire valoir. Le virage a été confirmé par la présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen (on verra si son pays prendra le pli), sur fond de bruits inquiétants sur le lâchage des Américains alors que le péril russe frappe en Europe. Depuis ces annonces le Portugal est le premier membre de l’Union européenne (UE) à acter cette politique. Lisbonne a renoncé aux achats des F-35. L’histoire ne nous dit pas s’ils achèteront français. Par contre pour la Belgique c’est clair : Elle se détourne de Paris pour filer vers Washington.
On ne sait pas ce que le président Donald Trump a promis à Bruxelles, la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, l’a invité à Rome pour ouvrir les négociations sur les droits de douane. Le républicain est annoncé aux obsèques du pape François, donc on verra bien. Mais que la capitale de l’UE flanche entre temps et achète américain dans ce contexte de guerre commerciale c’est une tache sur le blason de Bruxelles. Il confirme le contrat d’achat de nouveaux chasseurs F-35. La merveille française, le Rafale, a encore été boudé.
Le Premier ministre belge, Bart De Wever, l’a annoncé ce mercredi 23 avril. Une orientation stratégique que personne ne comprend, à part De Wever, Trump et leurs premiers cercles. Le chef du gouvernement belge l’a assumé devant la commission de l’Intérieur de la Chambre. Cette annonce intervient dans une politique budgétaire sans précédent : la Belgique se hissera en 2025, avec 4 ans d’avance, jusqu’au seuil de 2% du PIB dédiés à la Défense, établi par l’OTAN.
Trump avait exigé 5% pour tous les pays membres de l’Alliance, mais il sait pertinemment que cette barre est hors d’atteinte à court terme, il l’a avancée pour engranger le maximum de commandes militaires en Europe. La Belgique sera le premier gros client européen en 2025. Elle décaissera 4 milliards d’euros de plus dont une partie affectée à l’armement aérien. Et Bart De Wever est formel : «comme nous avons déjà acheté 34 F-35, il faudra que ce soit à nouveau des F-35». Ni le Rafale français ni le Grippen suédois.
Le chef du gouvernement belge a essayé de se justifier en arguant que le F-35 est «un projet multilatéral, pas exclusivement américain», avec des composants fabriqués en Italie. Mais le mal est fait, l’«autonomie stratégique» brandie par Paris et la Commission européenne en a pris un sacré coup. La Belgique ne sera pas le seul problème, il y a aussi l’amie de Washington, l’Italie et la première économie européenne, l’Allemagne, qui elle aussi avance masquée, comme toujours.
Et ne parlons même pas des pays d’Europe de l’Est, des américanophiles devant l’Eternel. Le président français a beaucoup de pain sur la planche pour vendre ses produits dans son propre continent. «Ce n’est pas parce que M. Trump pense qu’il peut mener une guerre contre tout le monde qu’il peut en un coup faire disparaître la globalisation de l’économie». C’est la boutade très douteuse sortie par le chef du gouvernement. Paris appréciera.
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