L’économie israélienne, déjà fragilisée par des années de tensions, se trouve désormais plongée dans une récession profonde à la suite de la guerre en cours à Gaza. Un rapport récent du journal Haaretz met en lumière les lourdes conséquences financières de ce conflit, notamment un recul important de la croissance économique et une baisse des investissements. Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahou parle de « victoire complète », les chiffres économiques peignent un tableau bien plus sombre.
Selon le rapport de Haaretz, depuis le début des hostilités en octobre 2023, l’économie israélienne a enregistré une contraction de 1,5 %. Ce chiffre, basé sur des estimations officielles, montre à quel point la guerre a gravement impacté l’activité économique du pays. Ce recul s’explique principalement par la baisse des exportations, le gel des investissements étrangers et les perturbations dans divers secteurs clés.
Les trois principales agences de notation – Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch – ont toutes abaissé la note de crédit d’Israël, mettant en garde contre des perspectives économiques négatives. Standard & Poor’s prévoit même une croissance zéro pour l’économie israélienne en 2024, et un faible rebond de 2,2 % en 2025, bien en deçà des prévisions initiales.
L’un des aspects les plus marquants du rapport est l’explosion des dépenses militaires, qui a dépassé plusieurs milliards de shekels. L’armée israélienne a dû faire face à des dépenses massives pour le ravitaillement en carburant et l’achat d’équipements militaires. Par exemple, la compagnie d’électricité israélienne a dépensé des centaines de millions de shekels en diesel pour sécuriser les approvisionnements en énergie en cas d’urgence, impactant directement ses résultats financiers.
À cela s’ajoutent les coûts liés à la reconstruction des zones endommagées autour de Gaza et les mesures de sécurité supplémentaires, dont une partie devrait être couverte par des aides internationales. Cependant, la majeure partie de ces dépenses pèsera lourdement sur l’économie israélienne, déjà affaiblie.
Avec la dégradation de sa note de crédit, Israël fait face à des difficultés croissantes pour emprunter sur les marchés financiers à des taux raisonnables. Cette situation complique la tâche du gouvernement pour financer les projets de reconstruction ou combler le déficit budgétaire grandissant. Les prévisions indiquent que le déficit public pour 2025 pourrait atteindre des sommets en raison des dépenses militaires et des besoins en aide humanitaire.
Haaretz souligne que l’issue de cette guerre aurait pu être différente si des objectifs militaires plus réalistes avaient été fixés dès le départ. En concentrant les efforts sur l’affaiblissement de Hamas plutôt que de viser une victoire totale, il aurait été possible de réduire considérablement les coûts économiques du conflit.
Le rapport note que, pour l’instant, les répercussions de la guerre sur l’économie mondiale restent limitées, affectant principalement les voisins immédiats d’Israël, comme l’Égypte et la Jordanie. Toutefois, un potentiel affrontement avec l’Iran pourrait changer radicalement la donne.
Haaretz avertit que si Israël décidait de frapper les installations pétrolières iraniennes, jusqu’à 4 millions de barils de pétrole par jour pourraient disparaître du marché mondial, entraînant une hausse spectaculaire des prix du pétrole, estimée à 13 dollars par baril. Un tel choc pourrait également être exacerbé si l’Iran, ou ses alliés comme les Houthis au Yémen, ciblent les infrastructures pétrolières de l’Arabie saoudite ou des Émirats arabes unis, ou encore ferment le détroit d’Ormuz, par lequel transite une partie importante du pétrole mondial.
Alors que les combats continuent, les perspectives économiques israéliennes ne laissent pas entrevoir de retour rapide à la stabilité. Le coût de la guerre pèse non seulement sur le budget public mais aussi sur le niveau de vie des Israéliens. Selon les prévisions de Standard & Poor’s, le produit intérieur brut par habitant devrait diminuer de 0,2 % en 2024, un signe inquiétant pour la population.
En somme, alors que Benjamin Netanyahou espère pouvoir proclamer une « victoire totale » sur le terrain militaire, les véritables conséquences de ce conflit se joueront sur le plan économique, où les défis s’annoncent nombreux et persistants.
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