Economie

L’économie Tunisienne face à des défis sectoriels interconnectés

L’économie Tunisienne face à des défis sectoriels interconnectés

L’économie tunisienne au 1er semestre 2024, se présente comme un écosystème complexe et interconnecté, où chaque secteur joue un rôle crucial dans la dynamique globale du pays.

Cette analyse examine les principales interconnexions sectorielles et leur impact sur le développement économique de la Tunisie, mettant en lumière les situations conjoncturelles et structurelles et les opportunités qui se présentent.

Le tourisme : Moteur de croissance multisectorielle

Le secteur touristique, longtemps considéré comme le joyau de l’économie tunisienne retrouve son éclat d’antan. En effet, depuis le début de l’année, la Tunisie a attiré 3,37 millions de touristes, selon l’Office national du tourisme tunisien.

Avec l’arrivée de l’été, l’établissement public table sur 10 millions d’arrivées, afin de réanimer ce pilier essentiel de son économie nationale qui a subi de plein fouet la crise du Covid-19. Une augmentation d’environ 5,3% du nombre de touristes a été observée, comparé à la même période en 2023, et de 8,7% si l’on remonte à 2019, soit une année avant la pandémie de Covid-19. Les recettes touristiques se sont élevées à 2,8 milliards de dinars au 30 juin 2024, enregistrant une hausse de 250,7 millions de dinars par rapport à la même période en 2023.

Toutefois, le développement du tourisme nécessite et encourage l’amélioration des infrastructures de transport et d’accueil, bénéficiant ainsi à l’ensemble de l’économie et facilitant les déplacements tant pour les visiteurs que pour les résidents.

Agriculture et agroalimentaire : Un tandem au bilan contrasté

La synergie entre l’agriculture et l’agroalimentaire en Tunisie en 2024 est essentielle pour la sécurité alimentaire et les exportations du pays.

Malgré une baisse de 36,5% des investissements privés dans l’agriculture et la pêche au premier semestre 2024, la production de produits agricoles stratégiques comme l’huile d’olive, les dattes, les agrumes, les viandes rouges et la volaille a enregistré une hausse.

Les exportations de l’huile d’olive, des dattes, des produits de la pêche et de l’aquaculture ont également connu une croissance à deux chiffres sur la même période, démontrant la valeur ajoutée apportée par le secteur agroalimentaire.

Le secteur agroalimentaire en Tunisie a apporté une valeur ajoutée significative au cours des premiers mois de 2024 :

La balance commerciale alimentaire a enregistré un excédent de 1834,7 millions de dinars à fin juin 2024, contre un déficit de 536,6 millions de dinars à la même période en 2023, soit un taux de couverture de 154,5% en juin 2024, alors qu’il était à 86,7%, à la même date l’année précédente, d’après les données de l’ONAGRI.

Les deux secteurs font face à des défis similaires comme la sécheresse et le changement climatique, nécessitant une stratégie nationale pour privilégier les cultures stratégiques, optimiser l’utilisation de l’eau et augmenter la productivité.

Des réformes sont préconisées comme l’adoption de l’agriculture de conservation, la mécanisation, la transition écologique et l’utilisation des eaux non conventionnelles pour garantir la durabilité des filières.

Malgré un contexte difficile, l’agriculture et l’agroalimentaire en Tunisie en 2024 restent complémentaires et essentiels pour la souveraineté alimentaire et le développement économique du pays.

Industrie et énergie : Un duo sous pression

Le nombre de projets déclarés dans l’industrie a augmenté de 5,7% entre 2023 et 2024 (5 premiers mois) avec un montant total d’investissement de 951 millions de dinars (MD) et 15 828 postes d’emploi déclarés, et ce, d’après les données de l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII).

Toutefois, Le secteur de l’industrie fait face à des défis majeurs liés à l’énergie en 2024.

Le taux d’indépendance énergétique de la Tunisie, qui représente le ratio des ressources d’énergie primaire par la consommation primaire, s’est situé à 45% à fin mai 2024, contre 52% au cours de la même période de l’année précédente, selon le dernier rapport mensuel sur la conjoncture énergétique, publié par l’Observatoire National de l’Energie et des Mines.

Une lueur d’espoir : Le secteur des nouvelles technologies

L’émergence du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) en Tunisie représente une véritable révolution transversale. Malgré ces défis, le secteur des technologies de l’information émerge comme un point positif potentiel. Avec une croissance de 7% en 2024, il offre des perspectives encourageantes. Cependant, il fait face à ses propres obstacles, notamment une pénurie de main-d’œuvre qualifiée due à la “fuite des cerveaux”.

L’écosystème des startups tech, en pleine effervescence, stimule l’innovation et l’entrepreneuriat, attirant l’attention des investisseurs internationaux et positionnant la Tunisie comme un hub technologique émergent en Afrique du Nord.

Secteur financier : Un pilier fondamental

Le secteur financier tunisien fait face à des défis importants qui entravent, dans certaines situations, son rôle de soutien à l’économie, notamment un taux élevé de créances douteuses et une faible inclusion financière dans certaines régions.

En effet, d’après les derniers chiffres de la BCT, le taux de créances douteuses dans le secteur bancaire a atteint environ 14%, un chiffre qui souligne, tout de même, certaines difficultés rencontrées par de nombreux emprunteurs à rembourser leurs prêts.

Ce taux est considéré comme plutôt élevé par rapport aux normes internationales, ce qui limite la capacité des banques à prêter davantage et à soutenir la croissance économique.

Perspectives

L’économie tunisienne au 1er semestre de 2024 se caractérise par une interdépendance croissante entre ses différents secteurs, offrant à la fois des opportunités de synergies et des défis à relever. Cette interconnexion renforce la résilience de l’économie face aux chocs externes, mais nécessite une approche holistique du développement économique.

Les défis majeurs incluent la nécessité de moderniser continuellement les infrastructures, d’adapter la formation professionnelle aux besoins évolutifs du marché du travail, et de poursuivre les réformes structurelles pour améliorer l’environnement des affaires.

La capacité de la Tunisie à naviguer dans ce paysage économique complexe dépendra de sa faculté à favoriser l’innovation, à attirer les investissements, et à maintenir la stabilité sociale et politique. L’avenir économique du pays repose sur une vision stratégique qui reconnaît et exploite ces interconnexions sectorielles pour un développement durable, inclusif et résilient

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