Economie

L’effondrement de l’huile d’olive à l’international guette, et si en Tunisie on vendait le litre à 10 dinars, comme le propose le président du Synagri?

L’effondrement de l’huile d’olive à l’international guette, et si en Tunisie on vendait le litre à 10 dinars, comme le propose le président du Synagri?

Au départ c’était de simples conjectures, ensuite l’expert en politique agricole Faouzi Zayani y est allé de sa prédiction, maintenant on en est au stade de l’alerte… Je parle de la chute drastique des cours de l’huile d’olive à l’international et donc fatalement en Tunisie, à terme. La Fédération nationale des producteurs d’olives lui parle déjà d’effondrement du marché de l’huile d’olive, un pilier essentiel de l’économie tunisienne. Mais les consommateurs locaux eux y verront un retour à la normale des prix, après une flambée que rien ne semblait pouvoir arrêter. Le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide, c’est selon…

Le secrétaire général de la Fédération des producteurs d’olives, Mohamed Nasraoui, a pris la parole ce jeudi 28 novembre, sur Mosaïque FM. Il a dit ceci : «Près de 80% de notre production d’huile d’olive est dédiée à l’exportation. Si les prix continuent de s’affaisser cela impactera non seulement les agriculteurs mais également l’économie nationale».

Il a souligné que les exportations d’huile d’olive génèrent beaucoup de revenus en devises, plus de 5 milliards de dinars, un précieux oxygène pour les caisses du pays…

Pas plus tard que le mois dernier on nous parlait des recettes exceptionnelles à l’international, maintenant on agite le spectre de l’effondrement. Décidément dans cette conjoncture mondiale fluctuante rien n’est gravé sur les marbres. Reste la demande intérieure, le marché tunisien. Est-ce la voie de sortie, la planche de salut pour le précieux liquide ? Ces récoltes exceptionnelles il faut bien en faire quelque chose, il faut bien qu’elles se vendent.

Mohamed Nasraoui pointe la faible consommation locale, évaluée entre 30 000 et 40 000 tonnes par an, infime selon lui. «Nous aimerions que le consommateur tunisien ait davantage accès à l’huile d’olive et que sa consommation augmente», a-t-il ajouté…

Mais justement si le Tunisien boude de plus en plus c’est peut-être parce que les tarifs dépassent l’entendement, sans que rien ne le justifie à part les prix pratiqués à l’étranger. Et d’ailleurs les producteurs tunisiens l’assument publiquement, en donnant les prix en euros. Ils commercialisent localement presque au même niveau que les cours sur le marché mondial, ce qui est une aberration totale vu les disparités de niveaux de vie. Peut-être que la bulle spéculative commence à se dégonfler, comme toutes les autres bulles.

En octobre dernier le président du Syndicat des agriculteurs de Tunisie (Synagri), Dhaoui Midani, a déclaré sur une radio privée qu’il est tout à fait possible de commercialiser le litre d’huile d’olive à 10 dinars seulement. Il a ajouté que si les autorités se saisissent de la question la chose est faisable. Il est peut-être grand temps d’écouter M. Midani. 

Le secrétaire général de la Fédération des producteurs d’olives est allé dans ce sens, sans pour autant descendre jusqu’aux 10 dinars le litre avancés par M. Midani. Il a reconnu que les prix proposés en Tunisie sont hors de portée des consommateurs lambda, il a fait un clin d’oeil aux autorités tunisiennes pour adopter des mécanismes afin de rendre l’huile d’olive plus accessible. Reste à convaincre les oléiculteurs, eux qui jugent que 14 dinars le litre ça ne couvre même pas les coûts de production. 

Le secrétaire général de la Fédération des producteurs d’olives a remis sur la table l’initiative gouvernementale de 2023, avec la fixation du prix du litre d’huile d’olive à 15 dinars. Il est d’avis que c’est une bonne base de travail pour faire grossir le marché local. Peut-être qu’en cheminant de la sorte les Tunisiens apporteront un cinglant démenti à l’ancien ministre de l’Agriculture Samir Bettaïeb, qui avait osé dire en 2017 que l’huile d’olive n’est pas ancrée dans les traditions culinaires du pays.

 

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