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Législatives en France-Sondages : C’est terrible pour le camp Macron, terrible…

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En renversant toute la table (dissolution du Parlement et législatives anticipées ce 30 juin) le président Emmanuel Macron a fait deux paris, hyper risqués et il est condamné à remporter l’un ou l’autre. Le premier : les électeurs français, échaudés par les échecs cuisants de l’extrême droite dans les villes qu’elle a gérées, courent vers la majorité présidentielle et la renforcent pour achever les réformes sur la table, toutes gelées par les législatives (agriculture, Education…).

Le second pari : Une cohabitation avec au bout l’explosion en plein vol du Rassemblement national (RN) après que leur jeune et inexpérimenté Premier ministre, Jordan Bardella, aura fait la démonstration de son impuissance à solutionner le casse-tête économique de la France. D’après les premiers sondages suite à l’annonce fracassante du chef de l’Etat ce dernier est en passe de perdre son premier pari et de beaucoup.

Une cohorte de sondages, tous désastreux pour Macron

Dans la première enquête Harris Interactive-Toluna, pour le compte de Challenges, M6 et RTL, le RN capte 34% des intentions de vote, la gauche unie 22% (contre 25,7% des suffrages obtenus aux législatives de 2022), le camp présidentiel à peine 19% (contre 25,8% au précédent scrutin) et Les Républicains (LR) – la droite – pas plus de 9% (contre 11,3%), à égalité avec les candidats «divers gauche», par exemple «dissident du Parti socialiste» (contre 6,4% il y a 2 ans). Donc clairement Marine Le Pen et Bardella les lamineraient tous si le scrutin avait lieu ce mardi 11 juin.

D’après Harris Interactive le RN passerait de 89 élus à l’Assemblée nationale à une fourchette de 235-265 sièges. La majorité présidentielle quant à elle se retrouverait avec 125-155 sièges de députés contre 249 présentement, la Nupes (Nouvelles union populaire écologique et sociale) de 115 à 145 élus (153 actuellement) et LR 40 à 55 députés (74 présentement).

Le sondage d’OpinionWay pour CNews, Europe 1 et Le Journal du dimanche donne à peu près les mêmes tendances : le RN 33% des intentions de vote, la Nupes 23% et la majorité présidentielle 18%.

Les leçons des cohabitations explosives de 1986 et 1997

Donc voilà, même si 61% des personnes interrogées sont favorables à la dissolution du Parlement (38% des sondés la désapprouvent) cela ne veut pas dire pour autant que leurs votes iront vers la macronie. Il reste le deuxième pari du président de la République. Avec la dynamique actuelle de l’extrême droite il sera très difficile de lui barrer la route du pouvoir. En 2002 Jean-Marie Le Pen n’était pas prêt à enfiler le costume présidentiel, c’est ce que disait le désarroi qu’on a lu sur son visage quand il a appris sa qualification pour le deuxième tour de l’élection face à Jacques Chirac…

Avec Bardella on est loin de ce cas de figure. Certes il est terrifié par les enjeux au Premier ministère mais il n’est pas aussi isolé que Le Pen en 2002, il y a du monde autour du RN et il est même très probable que des ténors de la droite le rallieront pour s’éviter une déroute annoncée. Reste que pour l’extrême droite la partie est loin d’être gagnée. En cas de cohabitation ils peuvent compter sur le très pugnace Macron pour bien lui savonner la planche.  

Le président de la République fera tout pour user Bardella jusqu’à la corde, comme le fit François Mitterrand à Chirac en 1986. Un traitement que Chirac a reproduit avec Lionel Jospin en 1997, une vengeance terrible sur le Premier ministre socialiste ; il fut carbonisé dès le premier tour de la présidentielle de 2002. La gauche ne s’est jamais remise de ce cataclysme politique, en dépit de la victoire de François Hollande en 2012. D’ailleurs il ne fit qu’un mandat et s’effaça pour laisser passer Macron. Ce dernier en aura fini en 2027 mais il fera tout pour saboter les plans de Marine Le Pen et assurer la succession à son camp.

 

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