Economie

L’Égypte augmente le prix du pain subventionné pour la première fois en 30 ans

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Une hausse historique du prix du pain subventionné

Lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi, le Premier ministre égyptien, Mostafa Madbouli, a annoncé une augmentation du prix du pain subventionné, une première depuis 30 ans.

À partir de juin prochain, le prix du pain passera de 5 piastres à 20 piastres. Cette décision intervient alors que l’Égypte, le plus grand importateur de blé au monde, fait face à des coûts de production croissants.

Contexte économique et justifications

Le ministre de l’Approvisionnement, Ali Moselhi, a expliqué que le nouveau prix représente 16 % du coût réel de production d’un pain, qui est passé de 1,15 livre à 1,25 livre. L’Égypte consomme environ 8,5 millions de tonnes de blé par an pour la production de pain subventionné.

En mars dernier, le ministère des Finances avait alloué environ 125 milliards de livres (2,66 milliards de dollars) pour les subventions au pain dans le budget de l’année fiscale 2024/2025, et environ 147 milliards de livres (3,1 milliards de dollars) pour les subventions aux produits pétroliers.

Les raisons de la hausse

Mostafa Madbouli a souligné que la hausse des prix du pain était nécessaire en raison de l’augmentation drastique des prix mondiaux du blé, exacerbée par la crise mondiale et la guerre russo-ukrainienne.

Le prix du blé est passé de 260-270 dollars par ardeb (environ 150 kg) à 540 dollars. L’État a fixé le prix d’achat du blé à 1100 livres (23 dollars) pour l’année fiscale 2023/2024, avec une incitation exceptionnelle de 400 livres (8,5 dollars) pour encourager les agriculteurs à vendre leur production à l’État, portant ainsi le prix d’achat à 1500 livres (31,8 dollars) l’année dernière. Cette année, le prix d’achat a été ajusté à 1600 livres (34 dollars) pour encourager davantage les producteurs.

Les défis énergétiques

Lors de son intervention, le Premier ministre a également abordé le coût élevé de l’énergie. Bien que le diesel reste subventionné, les autres produits pétroliers devront atteindre un équilibre des prix d’ici la fin de 2025. L’année dernière, la facture énergétique de l’Égypte s’élevait à 55 milliards de dollars, dont 33 milliards de dollars pour les produits locaux et 22 milliards pour les importations et les parts des partenaires étrangers.

Le gouvernement égyptien prévoit de commencer à payer entre 20 % et 25 % des arriérés dus aux compagnies énergétiques étrangères dès la semaine prochaine.

Consommation de gaz naturel et importations

Plus de 60 % de la production de gaz naturel de l’Égypte est destinée à la consommation locale, coûtant à l’État environ 4,25 dollars par unité, alors qu’il est vendu au ministère de l’Électricité pour seulement 3 dollars.

L’Égypte importe également du mazout à un coût trois fois supérieur au prix local, et malgré cela, le pays doit encore importer des quantités supplémentaires pour répondre à la demande croissante de sa population, qui ne cesse d’augmenter chaque année.

Perspectives

La hausse du prix du pain subventionné marque un tournant significatif dans la politique économique de l’Égypte. Elle vise à alléger le fardeau fiscal de l’État tout en répondant aux pressions inflationnistes mondiales et aux défis internes de production.

Cependant, cette mesure pourrait avoir des répercussions sociales importantes, dans un contexte où la sécurité alimentaire est cruciale pour la stabilité du pays.

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Publié par
balkis