A la une

Les coups de Trump payent : il aura ses 5% dans les PIB européens, encaissera les bénéfices de la Paix en Ukraine et continuera de traire la vache à lait de l’OTAN

Partager

Boxés par le président américain, par son vice-président, ses secrétaires d’Etat et à la Défense, par son Envoyé spécial en Ukraine, les Européens, complètement groggys, rappliquent encore à Paris, à l’invitation du président Emmanuel Macron. Cette fois on nous dit qu’il élargira l’assiette et conviera plus de dirigeants, pas la dizaine du 17 février. Le menu sera le même : l’Ukraine et la Défense européenne. Est-ce qu’il faut s’attendre à des avancées majeures ? Absolument pas, exactement comme la dernière grand-messe, à part de bonnes nouvelles pour les petites affaires de Donald Trump.

Les “miracles” signés Trump, ils regretteront amèrement Biden

On prendra les mêmes ingrédients et on recommencera en France, parce que l’essentiel ne se décide pas sur le théâtre européen, alors que la guerre s’y déroule, le plus important sera tissé à des milliers de kilomètres des chancelleries occidentales, en Arabie saoudite. Et d’ailleurs cela a commencé depuis hier mardi 18 février à Riyad, en présence du chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio et de son homologue russe Sergueï Lavrov.

Personne n’avait imaginé il y a encore quelques semaines qu’un développement aussi spectaculaire puisse se produire aussi rapidement, comme si les USA n’avaient pas ostracisé Moscou depuis qu’il a envahi son voisin, comme s’il n’y avait pas de crimes de guerre, comme s’il n’y avait pas de crimes contre l’humanité, comme s’il n’y avait pas de mandat d’arrêt de la CPI sur la tête de Vladimir Poutine…

On dira que ce rapprochement fulgurant, après tout ce qu’a fait le président Joe Biden, est un des “miracles” accomplis par Trump. Il y en aura beaucoup d’autres, hélas. A commencer par ces 4 heures de discussion que Rubio a eues à Riyad avec Lavrov. Pour se dire quoi ? Pour parler économie, business, reprise des échanges commerciaux, etc. L’émissaire américain l’a assumé publiquement, en regardant fixement les caméras.

On en est là, déjà. Trump II va vite, très vite, trop vite. La nouvelle doctrine mondiale est actée, sur les cendres fumantes du peu de valeurs universelles qui cimentaient encore l’Humanité. Le monde regrettera Biden en dépit de ses faiblesses et reniements, les Européens le regretteront et encore plus les Ukrainiens. La Russie fera mine de lambiner, louvoyer pour faire des concessions au nom de la Paix, mais le Kremlin sera bien content de se débarrasser de cette guerre qui a asséché son économie et son capital humain.

Les os à ronger que Rubio jette aux Européens

Après sa longue conversation avec Lavrov, Rubio a appelé ses homologues européens pour leur rendre compte de ce que Washington et Moscou ont décidé. Il s’est bien gardé de s’épancher sur les soubassements du deal, sur l’arrière-plan, sur les gros intérêts tapis dans l’ombre. Le secrétaire d’Etat ne pouvait pas enjamber les Européens, pour la simple et bonne raison que ce sont eux qui enverront les soldats de la Paix, qui offriront à Kiev les garanties de sécurité sans lesquelles il ne lâchera pas les 500 milliards de dollars de métaux rares que lorgne Trump.

Racketter un pays par terre, après 3 ans de guerre, c’est sordide, c’est le comble de l’ignominie, mais avec le républicain on repoussera toutes les limites de la décence. Cela ne fait que commencer, le monde a intérêt à s’accrocher, ça va tanguer durant 4 ans, 4 longues années. Toute chose a une fin, donc le cauchemar Trump, comme tous les autres avant lui, se dissipera. Mais combien de dégâts d’ici là ? Combien de malheurs ?

Ces malheurs les Européens les vivront dans leur chair, ils seront même aux premières loges. Poutine n’a pas de problème avec l’Afrique et encore moins l’Asie ou l’Océanie, il a un problème avec l’Europe. Et ces malheurs feront le bonheur des Etats-Unis d’Amérique. Dorlotés par le confort douillet de l’après-guerre (1939-1945) les Européens se sont dit que le péril ne reviendrait jamais sur le vieux continent. Ils se sont dit que le parapluie américain – l’OTAN – pourrait tout parer.

Ils avaient oublié que rien, matériellement, n’oblige Washington à le déployer en permanence, si ce ne sont ses intérêts. Et c’est justement cette corde que tire avec malice et cynisme Trump II : Payer, encore plus, pour sa défense. Avec lui tout a un prix, le prix fort, encore plus quand il s’agit de sécurité. Il a déclaré le 7 janvier dernier que les Européens doivent monter leurs dépenses militaires à 5% de leurs PIB, l’Allemagne a dit “Niet”, les autres se sont murés dans le silence, ils ont fini par sortir du bois.

L’UE fera exploser le cadre budgétaire pour acheter américain

Après la première réunion à Paris, Berlin, qui avait sonné la résistance face à Trump, a annoncé qu’il est d’accord pour dépenser plus pour armer le continent. Fini la règle d’or sur les déficits et l’endettement, les Européens font tout sauter au nom de leur Défense. Même la Gardienne du temple, la présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen, est d’accord. Diantre!

Mais le chancelier allemand Olaf Scholz n’a pas dit que ça, il avait déclaré peu avant qu’il continuera d’acheter américain pour défendre son pays. Inutile de dire que les Européens de l’Est, très américanophiles, feront de même. Ils n’achèteront pas français. D’ailleurs la Pologne était contente d’annoncer que Trump n’a jamais eu l’intention de retirer les troupes qui veillent sur le sommeil de l’Europe de l’Est face à l’ogre russe. Cela suffira au bonheur de tous les Européens.

Le président Macron a eu une conversation surréaliste avec Trump juste avant la première réunion de Paris, comme s’il avait besoin d’assurances, les mêmes gages que les Américains vendent à prix d’or depuis la Seconde guerre mondiale. Avant la réunion de Paris le Royaume-Uni, la Suède et la France avaient dit qu’ils sont disposés à déployer des troupes en Ukraine pour veiller sur le cessez-le-feu qui sera conclu…

Le discours a changé peu après : Paris, Berlin, Londres et Varsovie disent qu’il n’est pas question de risquer la vie de leurs soldats si un traité de Paix en bonne et due forme n’est pas signé. Comprenez par là qu’ils attendent que Trump et Poutine donnent des garanties. Les Européens ont dit pire : Pas question d’y aller sans les Américains, sans le “filet de sécurité américain“, a osé dire le Premier ministre britannique.

Rappelons que le 5 mars 2024 le président français avait dit qu’il est disposé à envoyer son armée pour stopper la Russie, il ne le dit plus. On savait que le costume du général de Gaulle était trop grand pour lui, mais pas à ce point. Ce spectacle navrant, pathétique, le président américain le regarde avec délectation et l’exploite à merveille pour remplir ses caisses.

Quand le secrétaire à la Défense, le fantasque Pete Hegseth, a déclaré que l’Europe doit se résoudre à se défendre sans les soldats américains, c’était juste un épouvantail pour terrifier son assistance, pour qu’elle signe des chèques. Et ça marche. L’OTAN, dont Macron disait en novembre 2019 qu’il est en état de “mort cérébrale“, vivra tant que la Maison Blanche pourra traire les vaches à lait qui viennent s’y planquer.

 

Laissez un commentaire