Economie

Les détracteurs du président Saied désapprouvés par l’optimisme du FMI

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Le Fonds monétaire international a annoncé qu’il était sur le point de conclure un accord financier qui devrait permettre à la Tunisie d’obtenir un plan de financement de 1,9 milliard de dollars.

« Nous devions nous assurer qu’il y avait suffisamment de financement pour le programme », a déclaré hier mardi 02 mai 2023, Jihad Azour, directeur du FMI pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Asie centrale. « La bonne nouvelle, c’est que nous y sommes presque ».

Les pourparlers avec le FMI se sont poursuivis

Bien que la Tunisie ait conclu un accord de principe avec le FMI en octobre, l’accord doit encore être examiné pour approbation par les administrateurs du fonds. Une percée dépend d’un soutien supplémentaire des alliés de la Tunisie et de la mise en œuvre par le gouvernement des mesures nécessaires pour accéder aux fonds.

« Nous avons travaillé avec les autorités et avec les amis de la Tunisie pour mobiliser des assurances de financement supplémentaires et les autorités ont progressé sur ce que nous appelons les actions préalables », a déclaré Azour. « Il reste encore quelques points à finaliser ».

Les pourparlers avec le FMI se sont poursuivis même après que le président Kais Saied s’est engagé à rejeter tout accord impliquant des mesures économiques ou sociales « douloureuse ». Le fonds a même félicité la Tunisie le mois dernier pour ce qu’il a qualifié de « progrès initiaux dans la mise en œuvre de réformes économiques locales ».

Perspectives mitigées

Alors que les négociations s’allongent, les dernières perspectives du fonds ont montré qu’il s’attend à une croissance économique plus lente qu’il ne l’avait prévu en octobre, l’inflation étant en passe de s’accélérer plus que prévu.

Les obligations tunisiennes ont plongé le mois dernier après que Saied a exprimé son opposition à ce qu’il a appelé des « diktats » étrangers qui pourraient appauvrir davantage le pays. La perspective de vastes coupes dans les dépenses, y compris pour le secteur public tentaculaire du pays, a suscité des critiques régulières et des menaces de grève de la part du plus grand syndicat tunisien.

« Bien sûr, il y a un réel souci de s’assurer que certaines des mesures auront le bon impact distributif et nous sommes également très préoccupés par cela », a déclaré Azour « Nous voulons nous assurer que les dépenses sociales sont plus ciblées et nous pensons que la réforme de la subvention à l’énergie y parviendra ».

L’optimisme du FMI

Selon des observateurs, la Tunisie pourra compter sur le financement prévu par le FMI pour des raisons géopolitiques de plus en plus évidente dans un climat de concurrence entre puissances émergentes et puissances classiques dominantes. Dans ce contexte, la Tunisie semble avoir saisi cette opportunité, malgré les tractations, et bénéficiera ainsi du plan de financement de 1,9 milliard de dollars proposé par le Fonds monétaire international.

Pourtant, certains s’interrogent sur les motivations réelles du FMI. Serait-ce un choix politique ou simplement une décision pragmatique guidée par la nécessité de soutenir une Tunisie en difficulté ?

Les opposants au président Kais Saied qui comptent sur un éventuel refus du prêt du FMI seront très fort probablement déçus au fur et à mesure des déclarations des responsables du fonds de plus en plus souples et optimistes quant à la conclusion de l’accord avec la Tunisie, tandis que les partisans y voient une opportunité pour relancer l’économie et stabiliser la situation politique.

Quoi qu’il en soit, et alors que les rivalités internationales s’intensifient, la Tunisie semble avoir réussi à se positionner avantageusement pour profiter des opportunités offertes par cette concurrence acharnée.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek