Les réserves des produits de base risquent-elles l’épuisement ?

Les crises récurrentes ont fragilisé les réserves des produits de base en Tunisie, après que les autorités ont eu recours à plus d’une reprise à l’utilisation de leurs stocks stratégiques pour améliorer l’approvisionnement des marchés, dans un climat de crise financière et de doutes autour de la capacité à reconstituer de nouvelles réserves de produits de base, d’énergie et de médicaments.

Les autorités en charge des achats publics de produits de base telles que les céréales, les médicaments, l’énergie et le sucre, constituent leurs réserves, que ce soit par la production locale ou les importations, mais le manque de liquidités pour payer les fournisseurs pousse les autorités à utiliser le tampon stock parfois épuisé.

Pénuries menaçant les stocks stratégiques

Récemment, Ahmed Louhichi, membre du syndicat de la Société tunisienne du sucre, a confirmé dans une déclaration médiatique que la société fournit une réserve stratégique annuelle estimée à 7000 tonnes stockée dans ses entrepôts, mais le manque d’approvisionnement local causé par le retard accusé par l’Office national du commerce a conduit à un épuisement de la réserve.

Louhichi a dit que l’entreprise est en train de constituer un nouveau stock avec le retour de la production et l’arrivée d’un navire transportant environ 27000 tonnes de sucre, considérant que la constitution de la réserve est importante pour assurer la régularité de l’approvisionnement du marché et des grands fabricants, mais il a ajouté que la constitution d’une réserve de 7 mille tonnes sera difficile en raison de la forte demande et qu’il est probable que la réserve ne dépassera pas 4 mille tonnes au cours des prochains mois, selon son estimation.

Il paraît, selon de nombreux indicateurs, que parmi les principales raisons de la baisse des réserves de produits de base du pays figure la baisse de la notation souveraine de la Tunisie, qui a poussé les fournisseurs à exiger des garanties financières suffisantes en échange du déchargement des cargaisons de céréales, de pétrole et de sucre.

Rappelons, l’agence de notation Moody’s a attribué une note de CAA1 à la Tunisie alors que Le taux d’inflation a atteint 9,1%, soit le taux le plus élevé en trois décennies, selon l’Institut national de la statistique.

Financements problématiques

De son côté, la directrice générale de la Société Tunisienne des Industries de Raffinage, Fakhta El Mahouachi, a indiqué que la Tunisie a eu recours aux réserves de carburant pour répondre à la demande croissante et ce, en raison du retard de l’approvisionnement, expliquant que le recours à l’utilisation des réserves est fréquent et se produit, en cas de besoin.

Cependant, elle n’a pas indiqué la quantité des réserves et la capacité de la Société Tunisienne des Industries de Raffinage à couvrir la demande pour la période à venir.

Les données officielles révèlent que l’Office de commerce (le fournisseur exclusif de sucre, de café, de thé et de riz) a épuisé ses fonds propres depuis 2011 pour devenir négatifs de 234 millions de dinars en 2021.

La crise de liquidité et les difficultés d’approvisionnement ont pesé sur les réserves en devises de la Banque centrale de Tunisie, qui sont au niveau de 105 jours d’importations, s’élevant à 23,0 milliards de dinars, alors que le dinar continue de baisser face au dollar.