Economie

L’Espagne annule un contrat d’armement avec Israël au nom des droits humains et de la justice internationale

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Dans un geste salué comme rare et courageux sur la scène internationale, l’Espagne a annoncé l’annulation d’un contrat d’armement de 6,8 millions d’euros conclu avec la société israélienne IMI Systems Ltd.

Cette décision, officialisée jeudi 24 avril 2025, intervient dans un contexte de violences continues dans la bande de Gaza, où les attaques israéliennes ont fait, selon les dernières estimations d’organisations humanitaires, des dizaines de milliers de morts, dont une majorité de femmes et d’enfants.

Un contrat rompu au nom de principes éthiques

Le contrat concernait la fourniture de munitions à la Guardia Civil espagnole. Mais pour le gouvernement de Pedro Sánchez, il n’était plus question de maintenir des relations commerciales avec une entité directement liée à un gouvernement accusé de “massacrer le peuple palestinien”. C’est en ces termes que s’est exprimée Yolanda Díaz, ministre du Travail et figure de proue de la coalition de gauche radicale Sumar, qui a personnellement négocié l’annulation du contrat.

« L’Espagne ne peut acheter des armes à un gouvernement qui perpètre un génocide », a-t-elle déclaré. Elle a qualifié le contrat initial, signé en octobre 2024, de « violation flagrante du droit international ».

Une condamnation israélienne sans surprise

Sans surprise, la réaction du ministère israélien des Affaires étrangères ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué, Israël a condamné « fermement » la décision espagnole, dénonçant une rupture unilatérale injustifiée qui, selon Tel-Aviv, porte atteinte à la coopération bilatérale.

Mais en Espagne, cette décision est soutenue par une large frange de l’opinion publique et par de nombreuses forces politiques qui dénoncent depuis des mois les agissements du gouvernement de Benjamin Netanyahu. Le secrétaire général du Parti communiste espagnol, Enrique Santiago, a déclaré que « ni six millions d’euros, ni même six milliards ne peuvent justifier que l’Espagne prenne le risque d’être complice d’un génocide ».

Un tournant diplomatique et moral

Le gouvernement espagnol, qui a reconnu officiellement l’État de Palestine en mai dernier, continue ainsi de faire entendre une voix singulière en Europe, à contre-courant d’une prudence diplomatique souvent accusée de complicité passive.

En affirmant qu’un pays européen peut privilégier les droits de l’homme à des intérêts économiques et stratégiques, Madrid envoie un signal fort, notamment aux autres membres de l’Union européenne, souvent divisés sur la question israélo-palestinienne.

Un isolement croissant d’Israël sur la scène internationale

Cette décision intervient alors que la politique d’Israël fait l’objet de critiques de plus en plus vives à l’échelle mondiale. Des rapports de l’ONU, des ONG, et même de certains gouvernements décrivent une situation humanitaire catastrophique à Gaza. Le bombardement de zones densément peuplées, les restrictions imposées à l’aide humanitaire et les milliers de morts parmi les civils, dont un nombre alarmant d’enfants, renforcent les accusations de crimes de guerre voire de génocide.

L’Espagne, par cet acte, se positionne clairement comme un acteur européen à la conscience éveillée, déterminé à ne pas céder à la logique de l’impunité et du silence.

Ainsi, dans un monde où les intérêts économiques dictent trop souvent les politiques internationales, la décision de l’Espagne d’annuler un contrat d’armement avec Israël envoie un message de courage et de clarté morale. Elle rappelle que certains États sont encore capables de mettre les droits humains et la justice internationale au-dessus des considérations financières. Face aux cris étouffés de Gaza, l’Espagne choisit de ne pas détourner le regard.

Une posture rare, mais ô combien nécessaire.

 

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