L’Europe a vécu un véritable choc diplomatique lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, qui s’est clôturée hier. Entre une marginalisation flagrante par les États-Unis et des décisions prises sans concertation, les dirigeants européens se retrouvent face à une nouvelle réalité : celle d’un continent relégué au second plan.
Pour réagir à cette situation, un sommet d’urgence est convoqué aujourd’hui à Paris, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, afin de discuter de la sécurité collective et du rôle de l’Europe dans les négociations de paix en Ukraine.
Une conférence de Munich sous tension
La Conférence de Munich 2025, censée renforcer la coopération transatlantique, s’est transformée en un camouflet pour l’Union européenne. Alors que l’Ukraine reste au cœur des préoccupations, les États-Unis ont envoyé des signaux troublants. D’abord, un échange téléphonique discret entre Donald Trump et Vladimir Poutine, qui a laissé les Européens en dehors de la discussion. Ensuite, un discours du vice-président américain, J.D. Vance, à peine consacré à la guerre en Ukraine, marquant ainsi un net désengagement de Washington.
Face à cette nouvelle posture américaine, les diplomates européens ont enchaîné les réunions de crise. L’inquiétude est palpable, et pour cause : la perspective d’un accord de paix négocié sans l’Europe semble se préciser. Keith Kellogg, envoyé spécial de Trump pour l’Ukraine et la Russie, a été catégorique : l’Europe ne sera pas incluse dans le processus de paix.
Réunion en urgence à l’Élysée
Emmanuel Macron, conscient de l’urgence de la situation, a convoqué un sommet à l’Élysée ce lundi 17 février. Autour de la table, les dirigeants de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ainsi que le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l’OTAN.
Les discussions porteront sur les garanties de sécurité à offrir à l’Ukraine et la nécessité d’une défense européenne autonome. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d’ailleurs plaidé, lors de son intervention à Munich, pour la création de « forces armées de l’Europe » face au désengagement américain.
Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a déjà annoncé que son pays était « prêt et disposé à envoyer des troupes en Ukraine » pour garantir sa sécurité. Un message qui divise l’Europe, alors que certains États membres restent réticents à s’engager militairement.
La Suède et le Royaume-Uni prêts à agir
La Suède a déclaré qu’elle « n’excluait pas » d’envoyer des soldats pour assurer la paix une fois un accord trouvé. Un positionnement qui rejoint celui du Royaume-Uni, déjà favorable à un envoi de troupes.
De son côté, la France évoque l’envoi de soldats français, britanniques et polonais pour garantir un cessez-le-feu et une paix durable en Ukraine. Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a insisté sur la nécessité d’une réponse européenne forte et coordonnée face aux défis sécuritaires.
L’attaque ukrainienne contre un oléoduc russe
Dans ce contexte tendu, l’Ukraine a mené une attaque contre un oléoduc stratégique en Russie, reliant la mer Caspienne à la mer Noire. Sept drones explosifs ont visé la station de pompage de Kropotkinskaïa, entraînant une interruption partielle de l’oléoduc.
Le Caspian Pipeline Consortium (CPC), qui exploite cet oléoduc, a confirmé l’attaque et informé ses actionnaires, parmi lesquels figurent la Russie, le Kazakhstan et la multinationale américaine Chevron. L’impact sur l’approvisionnement en pétrole de l’Europe reste à évaluer, mais cet événement accentue encore la pression sur les relations internationales.
Un sursaut nécessaire pour l’Europe
La Conférence de Munich a laissé un goût amer aux dirigeants européens. La brutalité de la nouvelle administration américaine et l’éventualité d’un accord entre Washington et Moscou sans consultation européenne renforcent le sentiment d’un continent marginalisé.
Face à cette situation, Emmanuel Macron et ses homologues européens tentent un sursaut stratégique. L’heure est venue pour l’Europe de prouver qu’elle peut exister sur la scène internationale sans dépendre des États-Unis.
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