Israël n’a plus besoin d’avancer masqué, de faire semblant, comme il le faisait du temps du président Joe Biden, l’Etat hébreu a maintenant un “grand ami” à Washington, Donald Trump. Il «n’avait jamais eu de meilleur ami à la Maison Blanche», a clamé fièrement le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Cela donne tous les droits, dans la tête des faucons à Tel-Aviv, comme le fait de bombarder intempestivement le sud du Liban à la quête des fantômes du Hezbollah et du Hamas, comme le fait de s’installer et bombarder impunément le sol syrien pour y traquer des prétendus dépôts d’armes. Non seulement Tsahal continuera de tourmenter les Libanais mais en plus il va camper juste à côté d’eux.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, ne s’en est pas caché hier jeudi 27 février, son armée va coloniser la «zone tampon» au Liban «sans limite de temps, en fonction de la situation». Dans la bouche des officiels israéliens cela signifie rester ad vitam æternam, au bas mot plusieurs décennies. Et pour ce funeste projet Netanyahu a obtenu le «feu vert» des USA. C’est le contraire qui nous aurait étonné.
Ce n’est pas Trump, dont le premier geste a été de rétablir la livraison des bombes lourdes, qui va bloquer la main meurtrière du Premier ministre israélien. Tsahal refusait de quitter les 5 collines stratégiques en dépit de son retrait total du Sud du Liban achevé le 18 février 2025. Le président libanais, ex-chef d’Etat-major de l’armée, le général Joseph Aoun et son gouvernement ont protesté, exigé que les soldats israéliens décampent, en vain. Maintenant c’est officiel, ils ne partiront pas.
Et il semble qu’à Beyrouth on commence à se résoudre au fait accompli, en tout cas l’annonce fracassante d’Israël Katz n’a fait aucune vague du côté des autorités. On dirait qu’elles se sont donné le mot pour se murer dans le silence. Quand Tsahal s’est emparé de la zone tampon du Golan les nouvelles autorités syriennes ont protesté, elles protestent à chaque frappe et insistent pour que les Israéliens quittent complètement le pays, au Liban on ne se donne plus cette peine…
Même le chef du gouvernement, l’intraitable Nawaf Salam, ex-président de la Cour internationale de justice, ne dit pas un mot. Les dirigeants, qui assument l’option de la diplomatie (comme si ça pouvait fonctionner avec Netanyahu) pour obtenir le retrait complet des militaires israéliennes, n’ont pas réagi après les propos de Katz. Idem pour les combattants du Hezbollah, enfin ce qui en reste. Le mouvement chiite ne s’est pas remis de sa décapitation, avec la disparition coup sur coup du leader historique Hassan Nasrallah et de son potentiel successeur.
Le Hezbollah ne peut même plus compter sur son parrain, l’Iran, qui lui aussi a payé cher sa dernière confrontation avec Israël, et ce n’est pas terminé, Netanyahu refrappera avec l’assentiment et même le concours de Trump. Preuve de la faiblesse des combattants chiites : Pour la première fois depuis 30 ans ils ont été contraints d’avaliser un gouvernement dans lequel ils ne sont pas représentés – Washington a dicté sa loi – et qui ne valide pas la résistance armée face à l’occupation israélienne.
Seul un député d’obédience chiite, Jamil es-Sayyed, a osé sortir du bois, avec une pointe d’humour noir : les nouvelles autorités libanaises vont «attendre pendant des années les résultats de leurs démarches diplomatiques sans oser faire face à l’occupation sauf avec des discours mensongers»…
L’occupation et la colonisation, indéfiniment, on en est là et ça fait des décennies que ça dure. Il y a de fortes chances que ça dure encore très longtemps, avec ou sans un républicain à la Maison Blanche. Le sort du sud du Liban sera aussi celui de Gaza, un projet sur la table depuis novembre 2023, à défaut de pouvoir déporter tous ses habitants pour donner forme aux délires immobiliers de Washington…
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