Economie

L’Observatoire tunisien de l’économie souligne la nécessité de créer une agence de notation africaine pour renforcer la souveraineté financière du continent

L’Observatoire tunisien de l’économie souligne la nécessité de créer une agence de notation africaine pour renforcer la souveraineté financière du continent

L’Observatoire tunisien de l’économie a insisté sur la nécessité de créer une agence de notation africaine comme étape cruciale pour renforcer la souveraineté financière du continent et réformer la structure financière. Cela permettrait de fournir des notations de crédit qui tiennent compte des particularités régionales et reflètent les conditions sociales et économiques uniques de l’Afrique, tout en facilitant l’accès des pays africains aux marchés financiers mondiaux, sans se conformer totalement aux critères des agences de notation traditionnelles.

Dans un rapport publié sous le titre “Les notations mondiales entre évaluations injustes et besoin d’une alternative africaine”, l’Observatoire a appelé à reconsidérer le rôle des agences de notation souveraine, surtout face aux transformations du système financier mondial. Il a souligné que la réalisation des objectifs de développement durable et la garantie des droits économiques et sociaux nécessitent des financements. Cependant, ces agences de notation entravent l’accès des pays en développement à ces financements en réduisant constamment leurs notations souveraines.

L’Observatoire a critiqué le manque de cohérence dans les tableaux de notation et l’absence de bureaux de ces agences en Afrique, ce qui constitue l’un des principaux problèmes soulevés. En effet, les agences “Moody’s” et “Standard & Poor’s” couvrent l’Afrique uniquement depuis leurs bureaux en Afrique du Sud, tandis que “Fitch” n’a aucune représentation directe en Afrique.

Dans le même rapport, publié le mardi 18 avril, l’Observatoire a noté que cette absence institutionnelle conduit à une mauvaise compréhension de l’environnement économique réel des pays africains, comme ce fut le cas avec le rejet du classement de “Moody’s” par le Nigeria en janvier 2023, estimant qu’il ne reflétait pas ses politiques économiques.

Les agences de notation internationales font face à plusieurs critiques en raison de leurs décisions imprévisibles et des évaluations qui ne prennent pas en compte la réalité africaine, selon le rapport.

L’initiative africaine pour l’auto-évaluation a dénoncé la notation irrégulière du Kenya par “Moody’s”, qualifiant ses révisions récentes de “hâtives” et “irresponsables”, en particulier après la réduction de la notation du Kenya en juillet 2024, suivie d’une augmentation surprenante en janvier 2025, sans passer par une phase “stable”, ce qui montre des contradictions dans leurs évaluations.

Un rapport conjoint de la Commission économique pour l’Afrique et de l’Initiative africaine pour l’auto-évaluation a également mis en lumière une série d’erreurs méthodologiques dans les évaluations des agences de notation internationales, où cinq pays africains – le Ghana, le Nigeria, le Kenya, l’Égypte et le Maroc – ont vu leur notation réduite sans véritable prise en compte des indicateurs de croissance positive.

Les notations publiées régulièrement par ces agences de notation servent de référence pour les marchés financiers mondiaux et les investisseurs lorsqu’ils prennent la décision de financer ou non un pays. Avec l’influence croissante de ces notations, de nombreuses voix s’élèvent pour demander une révision du rôle des agences de notation et vérifier leur crédibilité.

Cette annonce intervient dans le contexte du rejet de ces notations internationales par les autorités politiques en Tunisie, qui estiment que ces agences attribuent leurs notations en fonction de la soumission des pays aux ordres extérieurs, et qu’elles ne devraient pas être un critère pour déterminer la valeur des pays.

Il convient de rappeler que l’Observatoire tunisien de l’économie, fondé en 2012, travaille à analyser les politiques économiques, à mettre en lumière leurs avantages et inconvénients, et vise à être une référence d’information économique en Tunisie au profit des médias, des universitaires, des institutions et de la société civile.

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