Economie

L’Open Sky : une opportunité pour la Tunisie ?

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Depuis 2008, la Tunisie et l’Union européenne sont engagées dans des négociations pour établir un accord « Open Sky » visant à libéraliser le transport aérien entre les deux parties.

Malgré la signature de cet accord en 2017, sa ratification reste en suspens en raison de plusieurs divergences.

Avantages pour le tourisme

Parmi les bénéficiaires potentiels de cet accord, les professionnels du secteur du Tourisme voient dans l’Open Sky une opportunité majeure pour la Tunisie. En tant que destination touristique, le pays pourrait bénéficier de cet accord en attirant de nouvelles compagnies aériennes, y compris les compagnies low cost, ce qui permettrait de générer 800 000 passagers supplémentaires sur cinq ans.

Selon les estimations, cela pourrait se traduire par une croissance de 2,7% du PIB et une augmentation de 13% du trafic aérien. Les partisans de l’Open Sky soulignent également que l’accord favoriserait la création d’emplois et améliorerait la visibilité internationale de la Tunisie en tant que destination touristique.

Une meilleure desserte aérienne renforcerait également la confiance des touristes européens en améliorant la perception de la sûreté et de la sécurité du transport aérien en Tunisie. Cela encouragerait davantage de visiteurs à choisir la Tunisie comme destination, ce qui bénéficierait à l’ensemble de l’économie et offrirait des tarifs aériens plus compétitifs et de meilleures options de voyage pour les citoyens tunisiens.

Par ailleurs, l’accord Open Sky permettrait de relancer le tourisme régional, notamment dans des zones comme le nord-ouest de la Tunisie. Ces régions pourraient connaître une augmentation du tourisme d’hiver et de chasse grâce à une meilleure accessibilité aérienne. En diversifiant ainsi l’offre touristique, la Tunisie pourrait attirer une plus grande variété de visiteurs tout au long de l’année, renforçant ainsi la résilience et la durabilité de son secteur touristique.

Des risques pour Tunisair ?

Les responsables de Tunisair expriment de fortes réserves quant à l’accord Open Sky, craignant qu’il ne nuise gravement à la compagnie nationale déjà en difficulté face à la concurrence étrangère. La libéralisation du ciel tunisien permettrait à de nombreuses compagnies aériennes européennes d’entrer sur le marché, menaçant la position de Tunisair et exacerbant ses défis financiers et opérationnels.

En outre, le gouvernement tunisien pourrait perdre le contrôle sur le développement du trafic aérien au profit des compagnies étrangères, ce qui compliquerait la gestion stratégique du secteur touristique. L’impact potentiel sur les agences de voyage locales est également préoccupant, car les compagnies low cost permettent aux touristes de réserver directement leurs vols, contournant ainsi les agences et les fragilisant économiquement.

La concurrence accrue pourrait également entraîner une baisse des prix des billets d’avion et des forfaits touristiques, réduisant les marges bénéficiaires pour l’industrie touristique. De plus, un afflux soudain de touristes pourrait dépasser les capacités d’accueil actuelles du pays, créant des tensions logistiques et une dégradation de l’expérience touristique, ce qui pourrait nuire à la réputation de la Tunisie en tant que destination de choix.

Défis à surmonter

Pour réussir la transition vers l’Open Sky, la Tunisie devra relever plusieurs défis spécifiques. Tout d’abord, il sera crucial de restructurer Tunisair. La compagnie nationale doit être réorganisée pour améliorer sa compétitivité, ce qui inclut la réduction des effectifs et la suppression de lignes non rentables. Cette restructuration permettra à Tunisair de mieux affronter la concurrence accrue.

Ensuite, la modernisation des infrastructures aéroportuaires est essentielle. L’extension de l’aéroport de Tunis-Carthage et la modernisation d’autres aéroports du pays sont indispensables pour accueillir un plus grand nombre de passagers. Ces améliorations permettront de répondre aux besoins d’un trafic aérien en croissance et d’offrir une meilleure expérience aux voyageurs.

Enfin, pour tirer pleinement parti de l’Open Sky, la Tunisie doit renforcer la compétitivité de son secteur touristique. Cela passe par l’amélioration de la qualité des services touristiques et la diversification de l’offre pour répondre aux attentes des touristes internationaux. De plus, il est nécessaire d’adapter la réglementation aérienne tunisienne pour l’aligner sur les normes de l’Union européenne, garantissant ainsi une intégration harmonieuse et conforme aux standards internationaux.

Bien que l’accord Open Sky présente des avantages considérables pour le secteur touristique tunisien, les autorités restent prudentes face aux risques potentiels pour Tunisair et l’économie locale.

Une approche progressive et maîtrisée, avec une attention particulière à la restructuration de Tunisair et à la modernisation des infrastructures, pourrait permettre à la Tunisie de tirer pleinement parti de cette opportunité sans compromettre la stabilité de sa compagnie nationale. En s’inspirant de l’expérience du Maroc, la Tunisie pourrait trouver un équilibre entre ouverture et protection de ses intérêts stratégiques.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek