L’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa)… Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, enhardi par ses ministres, les ennemis numéro 1 des Palestiniens, s’active pour la liquidation de l’Unrwa, au motif que ses membres auraient trempé dans la pire attaque de l’histoire de l’Etat hébreu, le 7 octobre 2023. Pourtant l’Unrwa est toujours là, elle pourrait même rafler le très prestigieux Prix Nobel de la Paix 2024.
La chose est acquise à Oslo (Norvège) : l’agence onusienne est une sérieuse candidate à cette haute distinction, aux côtés du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres (lui aussi Israël l’a banni de toutes ses tablettes). Rendez-vous ce 11 octobre pour assister au triomphe d’un de ces favoris que les affres de la guerre au Proche-Orient ont projetés devant les projecteurs…
A moins que le comité norvégien du Nobel décide de ne rien décerner et de renvoyer ça à 2025, en espérant que la Paix dans le monde retrouvera ses droits. Dans les faits le Russe Alexeï Navalny, qui est mort en février dernier dans les sinistres geôles de Vladimir Poutine, est mis en pole position par des «bookmakers» ; mais on ne peut pas le lui remettre à titre posthume…
Il y a un autre archi favori dans les pronostics, le président ukrainien Volodymyr Zelensky ; mais voilà, lui aussi est hors course parce que justement il est à la tête d’un pays en guerre. Guerre et Prix Nobel de la Paix ne font pas bon ménage, donc Zelensky devra attendre que le soufflet retombe. Mais n’empêche dans cette conjoncture mondiale tourmentée (la guerre à Gaza qui s’est métastasée dans la région, 3e année de conflit en Ukraine, combats fratricides au Soudan) le comité du Nobel pourrait avoir des envies de célébration des acteurs humanitaires.
«L’Unrwa pourrait être un candidat. Il réalise un travail extrêmement important pour les civils palestiniens qui subissent la guerre à Gaza», a confié à Reuters le directeur de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo, Henrik Urdal. Il admet que la remise de ce prix à l’organisation onusienne provoquerait beaucoup d’agitation vu les graves accusations lancées par Israël. Rappelons que plusieurs pays ont coupé net les aides versées à l’Unrwa quand les accusations israéliennes sont tombées. Le temps a fait son oeuvre, la majorité des mécènes ont repris leur appui financier à l’agence.
Rappelons également qu’une enquête interne de l’ONU, publiée en août dernier, a apporté la preuve que 9 employés pourraient être mêlés à l’assaut du Hamas et ils ont été licenciés. L’agence, qui a estimé qu’elle a pris les sanctions qui s’imposaient, pointe les manoeuvres d’Israël pour obtenir la dissolution de l’Unrwa.
Théoriquement rien n’empêche le comité du Nobel de mettre en exergue la trajectoire prise par l’humanité depuis la Seconde Guerre mondiale : Tout faire pour que les conflits cessent et c’est exactement le rôle de l’ONU, avec toutes les imperfections et ratés qui vont avec. Le conflit au Proche-Orient a encore donné la mesure du chantier colossal devant nous.
Il n’en demeure pas moins que le Prix pourrait être remis au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, peut-être conjointement avec la plus haute juridiction onusienne, la Cour internationale de Justice (CIJ, très active aussi), a commenté Asle Sveen, historien spécialiste du Nobel de la paix. Il a déclaré sur Reuters que Guterres est «le plus haut symbole des Nations unies» et que la CIJ a «pour devoir le plus important de garantir que le droit humanitaire international soit respecté partout»…
Pour rappel la CIJ a formellement condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie et a exigé d’Israël de faire en sorte qu’aucun génocide ne soit perpétré dans la bande de Gaza. L’État hébreu s’est insurgé contre l’enquête de la juridiction onusienne.
On le répète : il est aussi tout à fait possible que le comité du Nobel garde le prix dans l’armoire, ce qui est déjà arrivé à 19 reprises, la dernière étant 1972. «Peut-être que c’est l’année durant laquelle le comité du Nobel de la paix doit tout simplement s’abstenir de prix et renvoyer l’attention sur le fait que c’est une planète en guerre», suggère le directeur de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, Dan Smith. “Wait and see“.
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