Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.
Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.
Lassaad a 48 ans, est ingénieure agricole comme sa femme Hasna qui a 42 ans. Les époux co-gérant un négoce de vente de matériel agricole : équipements, semences, médicaments et engrais.
Le couple a un enfant unique, Nizar âgé de 19 ans et qui passe l’épreuve du baccalauréat cette année.
La famille habite une villa coloniale dans un quartier résidentiel de la ville de Béja.
Ingénieurs agricoles et co-gérants de magasin
Lassaad nous parle du magasin de matériel agricole : « Nous gérons ce magasin depuis 15 ans. Le magasin est bien connu dans la région et nos clients nous font confiance Hamdoullah ».
Lassaad continue fièrement : « Avec nos diplômes d’ingénieurs nous avons vite sus nous démarquer de la concurrence. Les agriculteurs viennent nous voir non seulement pour la gamme des produits offerts mais surtout pour le conseil. Ils savent qu’ils sont entre de bonnes mains ».
Hasna prend la parole et lance : « les agriculteurs viennent nous voir pour leur trouver la solution ‘‘miracle’’ qui leur permettrait de gagner en productivité et à moindre coût. Souvent on est appelé à la rescousse en cas d’invasion et on doit agir rapidement avec le bon traitement. C’est palpitant, j’aime ça. Je me sens créative et utile ».
Hasna lance un regard tendre à Lassaad et rajoute : « Je suis d’autant plus comblée que je travaille avec mon mari. On ne se quitte pas de la journée. A deux nous sommes très efficaces ».
Un travail de terrain
Lassaad reprend la parole et nous dit : « vous savez, la souveraineté de la Tunisie dépend de sa sécurité alimentaire. L’agriculture est le nerf de la guerre. Nos terres sont riches, il faut y mettre les moyens pour être auto-suffisants et pouvoir exporter ».
Le couple a une voiture tout terrain qui lui permet de se déplacer hors-piste sur des terrains souvent boueux et inaccessibles pour les véhicules normaux.
Lassaad nous dit à ce sujet : « Nous avons dû investir dans ce véhicule indispensable pour notre travail. Je suis souvent appelé à visiter les fermes de la région. Il me fallait un véhicule puissant et fiable ».
Lassaad nous confie : « Avant on y aller à deux. Hasna faisait le déplacement avec moi. Avec son rhumatisme, j’y vais seul dorénavant. Hasna reste au magasin et conseille surplace ».
Dernièrement la famille a acheté une citadine pour le fiston Nizar.
Hasna nous donne plus de détails : « Nizar n’est plus jeune, il a besoin d’autonomie et Lassaad n’est pas obligé de le raccompagner à chaque fois. La seule solution était de lui acheter ces 4 roues. On a opté pour une voiture neuve à 47 000 dinars payée cash. Inchallah Nizar aura son bac cette année. »
Des revenus au gré du climat
Lassaad nous parle des finances familiales, il nous dit à ce sujet : « Hamdoullah on gagne bien notre vie. Le magasin nous rapporte 14 000 dinars de bénéfices nets par mois ».
Lassaad rajoute : « Avec nos diplômes, les agriculteurs ont vite déserté les autres magasins. Ils savent qu’avec nous, ils sont entre de bonnes mains. Notre réputation a dépassé le gouvernorat et on vient nous voir même du Cap Bon et du Sahel. Nous nous positionnons en tant que partenaires et soutenons les projets agricoles. Nous vendons à crédit, ce qui facilite considérablement la vie des agriculteurs en manque de liquidités ».
Lassaad tient à préciser : « Il ne faut pas oublier que l’agriculture est une activité risquée et qui dépend fortement des aléas climatiques. Le réchauffement climatique, la sécheresse, la grêle, les tempêtes,.. affectent les récoltes et finissent par accabler l’agriculteur et sa capacité à honorer ses engagements financiers. Nous en souffrons également puisque dans plusieurs cas, nous gérons des créances impayées et des fois irrécouvrables. »
Lassaad nous lance : « L’agriculture est un écosystème complexe et l’agriculteur est le maillon faible de la chaîne. C’est lui qui supporte les risques. Nous sommes obligés de soutenir les agriculteurs, nous sommes tous dans le même bateau. Malgré tout, l’agriculture est un beau métier ».
Hasna intervient : « Lassaad a totalement raison. Nous essayons de gérer nos finances de manière rigoureuse. Ces dernières années, nous avons assisté à des années difficiles et il n’est plus possible de faire des affaires sur un coup de tête. Nous sommes obligés d’étudier scrupuleusement les commandes des clients et de refuser des fois et à contre cœur de vendre à crédit. Nous aussi on doit payer nos fournisseurs ».
Lassaad nous informe qu’il est propriétaire de près de 1 000 oliviers de la variété Gerboui du Nord. Grâce à son savoir-faire, la productivité de ses arbres est excellente même en période des sécheresse.
Le budget familial
Les revenus :
Les dépenses :
Pour ramadan la famille réserve un budget de 2 000 dinars.
Le mouton de l’Aïd est acheté de Medjez El Bab chez un fermier ami de la famille pour 1 000 dinars.
La famille part en vacances chaque été. Elle prévoit une enveloppe de 6 000 dinars.
La famille possède une couverture sociale, 4 comptes bancaires et un compte postal.
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