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Macron battra Trump à son propre jeu : 800 milliards € pour produire des armes en Europe, l’industrie militaire américaine se retournera contre son Président

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Cette fois on est bien obligé de les prendre au sérieux, jusqu’à la preuve du contraire ; le président américain, Donald Trump, par qui tout est arrivé, est obligé de prendre au sérieux les 27 Etats-membres de l’Union européenne. 28 chefs d’Etat et de gouvernement et de gouvernement, dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky, rappliquent à Bruxelles ce jeudi 6 mars pour un Sommet extraordinaire et historique à bien des égards. Il sera essentiellement question de solides gages de soutien à Kiev après les tourments que lui a infligés Washington. Il s’agira aussi de poser les bases d’une vraie Défense européenne après des décennies d’indolence, dorlotés par le confort douillet du parapluie américain depuis la Seconde guerre mondiale. Trump, par ses actes, a montré à ses alliés européens qu’ils ne pouvaient plus lui faire confiance. Alors le Vieux continent est contraint de prendre enfin ses responsabilités, mais la direction prise coûtera très cher aux Etats-Unis.

Trump a donné le bâton pour se faire battre

Les Européens ne peuvent plus faire confiance à un pays qui se retourne contre ses amis et les taxe à tour de bras pour résorber son déficit public sans précédent – plus de 31 400 milliards de dollars -, tout cela avec un argumentaire complètement fallacieux. Comment faire confiance à un président – Trump – qui répète des contre-vérités devant le Congrès, dont cette histoire de 350 milliards de dollars décaissés pour l’Ukraine alors qu’en réalité c’est 3 fois moins, moins que le soutien européen ? Pourtant le président français, Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique, Keir Starmer, ont publiquement démenti Trump lors de leurs visites à la Maison-Blanche.

Comment faire confiance à un président qui coupe les livraisons d’armes et les renseignements à un moment si critique pour l’Ukraine, juste pour tordre le bras de Volodymyr Zelensky et l’obliger à brader ses terres rares, des centaines de milliards de dollars auxquels les USA n’ont pas droit ?

Trump entendra parler du Sommet de Bruxelles, ses oreilles vont siffler. «L’Europe fait face à un danger clair et immédiat d’une ampleur qu’aucun d’entre nous n’a connue dans sa vie d’adulte», a écrit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans une lettre envoyée aux dirigeants des 27. Le nouveau chancelier allemand, le très volontaire Friedrich Merz, est la pièce qui manquait pour faire redémarrer le moteur européen, avec la France…

Merz a déclaré que ses pairs devaient se préparer «au pire scénario», c’est-à-dire une OTAN privée de la garantie de sécurité américaine. Trump a envoyé son secrétaire à la Défense pour le dire à la face des Européens lors de la Conférence de Munich sur la Sécurité, Macron, Merz et compagnie les prennent au mot. Cette affaire reviendra aux Américains comme un boomerang.

Trump n’a pas pensé à ça, Macron si, depuis 2021…

Le président français a redit hier mercredi 5 mars dans la soirée que «des financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen des munitions, des chars, des armes, des équipements parmi les plus innovants». Ce n’est pas ce que voulait Trump, il a agité le spectre d’un lâchage de ses protégés de l’OTAN juste pour les terroriser au point de monter sensiblement leurs dépenses militaires. Ce qu’il voulait c’était que les Européens continuent d’acheter américain, comme l’a fait l’Allemagne avec une enveloppe de 100 milliards d’euros après l’invasion de l’Ukraine. Raté.

Le président américain a oublié que Macron travaille sur une Défense européenne depuis 2021 et même avant, un projet très porteur pour la France, la seule puissance nucléaire de l’UE et qui a une solide industrie militaire capable de répondre aux besoins des Européens à moyen terme. Quand Paris s’active pour convaincre qu’il faut produire en Europe c’est aussi pour ses propres intérêts. Là pour le coup c’est Trump qui est en train de saborder les intérêts de son industrie militaire et ça ses richissimes soutiens ne le lui pardonneront pas…

Près de 65% des armes qui équipent les Européens sont américaines, l’Europe est le 1e client des USA. Si dans 10 ans ces armes sont françaises, allemandes, et britanniques, imaginez le manque à gagner pour les Américains.

Evidemment le président américain n’a pas songé une seconde que cette Révolution puisse se produire, les USA n’y ont jamais pensé tellement ils écrasaient le Vieux continent, pourtant c’est bien le chemin que prennent les Européens. Je ne dis que cela se produira sous le second mandat de Trump mais il verra de ses propres yeux l’enclenchement de ce processus, si ses alliés tiennent leurs engagements…

Avec un bon diner à Paris et une grosse enveloppe Orban lâchera Trump

Premier dossier à Bruxelles ce jeudi : la validation du plan pour «réarmer l’Europe». Il s’agit de dégager «800 milliards d’euros en dépenses d’armement pour une Europe sûre et résiliente». Si ce texte est voté, les États membres pourront hausser leurs dépenses de défense. Pour cela la sacro-sainte limite de 3% de déficit public va sauter, comme convenu lors des réunions de Paris.

Les 27 vont aussi plancher sur une proposition de la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas pour muscler l’aide militaire à l’Ukraine. Plusieurs chiffres, jusqu’à 30 milliards d’euros, ont été ébruités. Mais plusieurs pays de l’UE rechignent à mettre la main à la poche, parmi eux les pro-russes que sont la Slovaquie et la Hongrie. Des obstacles mineurs car Bruxelles les tient par les financements. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, n’en sera pas à son premier reniement après avoir juré ses grands dieux qu’il bloquera tout appui à Kiev…

Il a été reçu à dîner par Macron hier mercredi. Vous verrez ce jeudi qu’Orban, qui est par ailleurs un fan et ami de Trump, s’effacera pour laisser passer la France, l’Allemagne, la Pologne et compagnie. Un cheminement qui se fera envers et contre les intérêts stratégiques des Américains. Les Européens ont les moyens de leurs ambitions, ont une puissance économique globale supérieure à celle des USA, c’est le courage et la volonté politique qui leur manquaient. S’ils sont au rendez-vous rien n’arrêtera l’Europe.

 

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