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Maroc : la ministre de l’Économie s’explique sur le gonflement de la dette, “Circulez, y a rien à voir”…

Maroc : la ministre de l’Économie s’explique sur le gonflement de la dette, “Circulez, y a rien à voir”…

L’endettement croissant du Maroc on en parle beaucoup, beaucoup trop à en croire Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances. Elle est d’avis qu’il n’y a aucune raison objective de s’alarmer, que la dette du royaume est contenue dans les limites du soutenable et que le gouvernement a la ferme volonté de la ramener sous le seuil de 70% du PIB. En d’autres termes «Circulez, y a rien à voir»… enfin, presque rien à voir…

Tout de même l’endettement public s’est hissé à des niveaux sans précédent. Rien que la dette du Trésor est montée l’an dernier à plus de 1000 milliards de dirhams. Driss El Azami El Idrissi, ancien ministre PJD (Parti de la justice et du développement, d’obédience islamiste) en charge du Budget, avait pointé l’accélération de la dette, 140 milliards de dirhams de plus en 2022-2024. La ministre de l’Économie ne peut plus se dérober, elle est contrainte d’éclairer les lanternes des sujets de Sa Majesté. Mme Fettah l’a fait dans l’émission «Grand Format-Le360».

Elle a tenté de rassurer : «Le risque de soutenabilité est maîtrisé». Elle a affirmé que le ratio dette publique/Trésor est présentement à un niveau inférieur à 70%, alors qu’il était à plus de 72% en 2020. «La tendance est à la baisse et c’est l’engagement du gouvernement», martèle-t-elle. Selon elle il faut plutôt scruter la structure de la dette pour se faire une nette idée des leviers que le gouvernement peut activer…

«La part de la dette intérieure dans le portefeuille de la dette du Trésor dépasse les 75%. Ensuite, la structure de la dette est essentiellement à long terme et son coût moyen se situe autour de 3%. Cette dette est adossée pour l’essentiel (90%) à des taux fixes», précise la ministre. Elle a redit que le gouvernement ne bougera pas du «palier de 70% du PIB, peut-être un peu moins». Cette promesse ferme «se vérifie depuis deux ans, appuyé par une programmation budgétaire triennale».

Mme Fettah a déclaré qu’il n’est pas question d’aller plus vite dans la réduction de l’endettement pour ne pas «contrarier la trajectoire des réformes et les conditions de réalisation de la croissance souhaitée, surtout après les multiples crises vécues ces dernières années». D’ailleurs le Maroc s’apprête à reprendre la route des partenaires étrangers pour financer son Budget, donc de la dette en plus. Mais est-il possible de faire autrement ?

On sait que la croissance de 2024 sera lourdement impactée par la mauvaise saison agricole, entre autres, un point de moins par rapport aux prévisions initiales. Une mauvaise nouvelle annoncée par le Centre marocain de conjoncture (CMC) et confirmée par la Banque mondiale (BM). Ce n’est certainement pas le moment de casser la dynamique de l’investissement public qui sous-tend l’activité économique. Reste à savoir comment dépenser mieux. Le CMC et la BM ont donné des pistes dans ce sens. On verra à l’arrivée…

En attendant la ministre s’est réjouie de l’amélioration de la notation de l’agence américaine Standard & Poor’s, laquelle a revu la perspective du Maroc de «Stable» à «Positive». Mme Fettah a également magnifié le rapport positif des experts du FMI durant leur dernière mission dans le cadre de l’article IV de l’institution de Bretton Woods. «Nous continuerons à clamer que les fondamentaux macro-économiques sont une ligne rouge, pour des raisons de soutenabilité, afin de ne pas contrarier la trajectoire de réformes et d’investissement que nous souhaitons», affirme Nadia Fettah.

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