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Maroc-Sécheresse : Un financement de 14 milliards de dollars a dit le gouvernement en janvier, maintenant il dit qu’il faut attendre la pluie…

Maroc-Sécheresse : Un financement de 14 milliards de dollars a dit le gouvernement en janvier, maintenant il dit qu’il faut attendre la pluie…

Les problèmes drainés par la sécheresse chronique et le stress hydrique au Maroc on les connait. Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a reconnu publiquement au début de l’année les dégâts de la raréfaction de la pluie et a admis dans la foulée que les pouvoirs publics ont tardé à agir. En janvier 2024 on a appris que 14 milliards de dollars seront décaissés pour régler les problèmes de l’eau. Mais voilà, il y a eu le passage de Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, du Développement rural, des Eaux et Forêts, devant la Chambre des représentants. Ce qu’il a dit devant les députés est terrible, terriblement inquiétant.

Face à un fléau qui coûte cher à l’économie du pays, jusqu’à un point de croissance cette année – et encore il faudra voir à l’arrivée -, une séance plénière dédiée à l’agriculture et à l’élevage n’est pas de trop. Hier lundi 24 juin le ministre est passé sous le feu roulant – autant dire rouleau compresseur – des questions des élus du Parlement. Sadiki a dû porter sur ses épaules les problèmes de tout un pays et s’est défendu comme il a pu, c’est-à-dire très mal. «Tout ce qui devait être fait a été fait (…). Il n’y a pas de solutions sans pluie et sans pluie, il n’y a rien. Nous prions pour que cet été puisse apporter des précipitations».

C’est tout ce que le ministre a trouvé à dire face à l’angoisse grandissante des populations, portée par leurs représentants à l’Assemblée nationale. Mais en même temps est-ce qu’on peut raisonnablement faire des reproches à Mohamed Sadiki ? Est-ce qu’il a le droit de vendre des rêves aux députés, à la nation ? Est-ce qu’il pouvait travestir la réalité devant la gravité de la situation ? Son franc-parler n’est-il pas un appel à la responsabilité collectivité pour un vrai sursaut national avant des drames à l’échelle du pays ?

Ce sont des questions qu’on peut légitimement poser sans prétendre apporter des réponses, des réponses c’est le travail des autorités, du gouvernement. Mais puisque le ministre nous dit qu’il faut s’en remettre au Ciel (la pluie)… Ce qui certain c’est qu’il ne s’est pas appesanti sur les stations de dessalement de l’eau de mer, sur le coup de main des géants émiratis pour soulager les maux du royaume, etc. Où sont passés les milliards pour dessaler l’eau de mer ? Est-ce que le Maroc a les moyens de ses ambitions ? On peut supposer que si le ministre avait une alternative il l’aurait dégainée au Parlement.

Le gouvernement a fait tout ce qui était matériellement possible pour épauler les éleveurs et les agriculteurs, c’est ce que Sadiki a répliqué au déluge de critiques sur la gestion de l’eau en milieu agricole et rural, c’est ce qu’il a répondu aux attaques sur le manque d’infrastructures efficaces et durables. Le ministre, très habilement, a invité les élus de la nation à soumettre des propositions pratiques pour atténuer le calvaire du pays, une manière de dire que se contenter de critiquer c’est trop facile.

Le ministre a exposé les investissements colossaux pour monter le niveau de l’irrigation et des infrastructures hydrauliques et rationaliser davantage l’utilisation de l’eau dans l’agriculture. Les députés lui ont rétorqué qu’il faut des mesures urgentes et des actions immédiates pour améliorer le sort des agriculteurs et des communautés rurales, en attendant les réformes en profondeur étalées dans le temps. Même la stratégie «Génération Green 2020-2030» a été balayée d’un revers de la main par les parlementaires, ce qu’ils veulent c’est du concret…

Mais du concret et rapidement est-ce que M. Sadiki est en mesure d’en proposer ? C’est tout le débat. Tout cela pour dire que les citoyens marocains sont sortis de cette séance parlementaire avec beaucoup plus de questions que de réponses. Le Maroc n’a pas fini d’être tourmenté par le réchauffement et le dérèglement climatiques.

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