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Niger : Le début de la fin pour les putschistes, Biden coupe l’aide de 500 millions de dollars

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Ça y est, in fine : “Les États-Unis ont conclu qu’un coup d’État militaire avait eu lieu au Niger” le 26 juillet dernier, a fait savoir hier mardi 10 octobre (le même jour où les soldats français entament leur retrait forcé) l’ambassade américaine, reprenant la déclaration du porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller. La conséquence immédiate : “Conformément à l’article 7008 de la loi de crédits annuelle du département d’État, les États-Unis suspendent la plupart de leur aide au gouvernement du Niger“, a indiqué la même source…

Le “Millenium Challenge Corporation” c’est terminé

Et cet appui financier pèse lourd. Pour rappel “le 5 août, les États-Unis ont temporairement suspendu certaines programmes d’aide étrangère au gouvernement du Niger, totalisant près de 200 millions de dollars“. Désormais c’est toute “cette aide” qui “est (…) suspendue“. Le même communiqué a annoncé “la suspension par le Millenium Challenge Corporation de toute assistance au Niger, y compris tous les travaux préparatoires sur son Compact de transport régional du Niger de 302 millions de dollars et toutes les nouvelles activités sur son Compact de 2018“.

Pour faire simple, c’est plus de 500 millions de dollars qui sautent, alors que le pays est englué dans le cycle infernal du terrorisme depuis que les militaires français ont été priés de prendre la porte. Comment les putschistes vont trouver d’autres ressources alors que les sanctions de la CEDEAO étranglent l’économie et les finances du pays ? Où le général Abdourahamane Tchiani va trouver de l’argent pour requinquer son armée face au péril djihadiste qui monte en intensité ? Certainement pas en Chine et encore moins en Russie.

Biden a essayé de dribbler Macron mais ce n’est pas passé

Il fallait s’attendre à ce tour de vis après la tournée du secrétaire d’Etat américain Lloyd Austin en Afrique le mois dernier. Il a publiquement condamné l’épidémie de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest et exposé les choix de la Maison Blanche dans ses partenariats avec le continent. Pourtant les Etats-Unis ont lambiné, louvoyé et tenté de passer entre les gouttes pour maintenir leur position au Niger d’où ont été expulsés les Français

Certains – les anti-français en Afrique – ont même commencé à louer l’exemplarité et le pragmatisme américains en soulignant la façon avec laquelle la nouvelle ambassadrice américaine a été accueillie à Niamey, alors que dans le même temps son collègue français était viré. Mais Washington a finalement sorti le bâton, contraint par ses engagements vis-à-vis des Américains et de la communauté internationale.

Partenaire clé ou pas même tarif que le Mali, le Burkina Faso et la Guinée

Les idéaux démocratiques sont dans l’ADN des démocrates américains et c’est la raison pour laquelle tous les pays qui sortent des clous sont systématiquement rayés des tablettes du président Joe Biden. Pour être invité à son Sommet sur la démocratie il faut montrer patte blanche, idem pour avoir droit aux aides américaines. Tous les pays ouest-africains où des coups d’Etat se sont produits ont été éjectés de l’AGOA (African Growth Opportunities Act). La Maison Blanche ne pouvait se permettre la moindre faiblesse avec le Niger même si c’est un partenaire de premier plan dans la stratégie américaine en Afrique.

Biden a des élections à gagner en 2024 et le moins qu’on puisse dire est qu’il ne maque pas de pépins en ce moment, à commencer par son impopularité croissante dans son propre camp. Il ne pouvait pas s’autoriser à ajouter à son passif le boulet nigérien. Les putschs c’est très mauvais pour le business électoral..

Par contre Washington maintient son “aide humanitaire, alimentaire et sanitaire vitale au bénéfice de la population nigérienne“. Par ailleurs il est question “de continuer à travailler avec les gouvernements régionaux, notamment au Niger, pour faire progresser les intérêts communs en Afrique de l’ouest“. C’est tout ce que consent à faire la Maison Blanche…

La seule porte de sortie pour le Niger…

Pour le reste les USA attendent que la junte nigérienne renoue avec “une gouvernance démocratique dans un délai rapide et crédible“. Pour finir l’administration américaine exige de nouveau la “libération de Mohamed Bazoum, de sa famille et de toutes les personnes détenues“. C’est le président nigérien déchu qui sera content, son homologue et partenaire français Emmanuel Macron aussi, lui qui reste mordicus sur cette ligne depuis le début.

S’agissant de l’intervention militaire brandie par la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest) pour déloger les putschistes et remettre Bazoum sur son fauteuil les USA en restent à leur position initiale : C’est Non. Et la parole de Biden pèse lourd avec ses quelque 1100 soldats qui opèrent toujours au Niger, contre les groupes djihadistes…

Bon, de toute façon l’action militaire même l’organisation régionale n’en parle plus, elle mise tout sur la batterie de sanctions et la diplomatie, sous la houlette de l’Algérie. Et sur le papier il y a des avancées dans ce sens même si les généraux nigériens se cabrent et rejettent l’idée d’une transition courte, 6 mois.

 

 

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