Alors que la Tunisie se prépare à introduire une nouvelle réglementation des chèques dès le 2 février 2025, de nombreuses voix s’élèvent pour questionner la faisabilité de cette réforme dans les délais impartis.
Avec des mesures aussi ambitieuses qu’un lancement de plateforme électronique pour vérifier la validité des chèques et un encadrement renforcé de leur utilisation, le pays est-il prêt pour une transition si rapide ?
La réforme peut-elle vraiment être appliquée en février 2025 ?
La réforme prévoit un encadrement strict des chèques, incluant des changements majeurs dans leur obtention et leur émission. Pourtant, des acteurs économiques, notamment dans les secteurs du commerce et des services, semblent peu préparés à cette mutation.
Beaucoup refusent déjà les chèques comme moyen de paiement, tandis que d’autres s’interrogent sur la gestion des chèques récemment émis dans le cadre des nouvelles règles.
Avec une plateforme électronique dont l’opérationnalité reste incertaine, faut-il s’attendre à un blocage transactionnel en février ?
Certains experts pensent que oui. Plusieurs députés ont d’ailleurs proposé un report de six mois, suggérant d’étendre l’utilisation des chèques actuels jusqu’en août 2025.
Déjà, cette période transitoire pourrait-elle suffire à éviter les perturbations prévues ?
Le report est-il la meilleure solution ?
Les inquiétudes liées à une mise en œuvre précipitée de la réforme soulèvent une autre question : un report serait-il suffisant pour répondre aux défis structurels de la finance en Tunisie ?
Si le report est accepté, il permettrait une coexistence temporaire entre les anciens et les nouveaux chèques. Mais cette mesure suffira-t-elle à rassurer les utilisateurs et à instaurer la confiance nécessaire dans le système ?
L’amendement proposé inclut également des sanctions renforcées contre l’émission de chèques sans provision. Ce durcissement des règles pourrait-il dissuader les abus, ou risquerait-il d’alourdir la pression sur des citoyens déjà confrontés à des difficultés économiques ?
Quels impacts sur l’économie tunisienne ?
Au-delà des questions techniques, cette réforme soulève des préoccupations plus profondes sur son impact économique. Ridha Chkoundali, professeur en sciences économiques, a mis en lumière un paradoxe : en Tunisie, les chèques sont perçus comme un outil de paiement différé plutôt qu’immédiat, une pratique enracinée dans les habitudes locales. Est-il réaliste de changer cette perception sans offrir d’alternative viable, comme un meilleur accès au crédit à la consommation ?
De plus, dans une économie où la consommation privée est un moteur essentiel de croissance, cette réforme pourrait-elle freiner les dépenses et aggraver les difficultés économiques des Tunisiens ?
Un doute persistant sur le report
Cependant, le doute sur un éventuel report de l’entrée en vigueur de la loi plane toujours. La ministre de la Justice avait affirmé devant les députés, lors de la validation de la loi de finances 2025, que l’entrée en vigueur serait maintenue le 2 février 2025.
Quoi qu’il en soit, la raison d’un possible report semble être davantage technique, et pas au niveau des législations ou au niveau du ministère de la justice.
Selon des sources proches de la Banque Centrale de Tunisie, la plateforme électronique prévue pour accompagner cette réforme ne serait probablement pas prête à temps, alimentant ainsi les interrogations sur la capacité technique à respecter l’échéance.
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